L'élevage français arrive au bout du modèle dans lequel les gouvernements successifs, trop à l'écoute des responsables professionnels en place, l'ont enfermé depuis des décennies. Aujourd’hui, tous sont étonnés de la crise qui enflamme malheureusement nos campagnes. Pourtant, à rester inactifs, le pire est devant nous, comme par exemple en viande bovine où les stocks sur pied sont disproportionnés face aux marchés disponibles.

 

Retrouver un marché stable dans une Union européenne régulée

A travers une véritable PAC qui sorte sa vision trop libérale, l'Union européenne doit mettre en place une régulation des marchés et donner aux producteurs la possibilité de gérer leur production dans ce cadre régulé. La CR réclame ce modèle depuis des années, Bruxelles doit entendre les éleveurs français et permettre la création de structures européennes, nationales et régionales pour encadrer la production et sortir de la course aux prix bas. Mais même dans un marché ajusté, les éleveurs français ne pourront pas lutter.


La France doit être à armes égales avec les autres pays européens

Le gouvernement ne doit pas se contenter de regarder béatement Bruxelles mais il doit prendre ses responsabilités afin d'aboutir à une baisse significative des charges pour ne plus être en forte distorsion de concurrence avec nos voisins européens. L'agriculture et l'agro-alimentaire français ont en effet pris un retard considérable sur de nombreux partenaires européens. La critique de ces derniers n'y changera rien. Ils ont fait des choix fiscaux, sociaux, environnementaux, énergétique, … différents des nôtres et qui leur confèrent aujourd’hui des avantages concurrentiels indéniables. La mise en œuvre de la TVA sociale permettrait de résoudre en grande partie cette difficulté. Par ailleurs, si la France ne met pas en route une profonde réforme de son élevage et se contente de sauter de crise en crise et de table-ronde en table-ronde, nous ne rattraperons jamais ce retard, même dans un marché européen régulé.
Les éleveurs ne peuvent plus faire le grand écart entre des prix bas qui imposent un modèle productiviste et des produits de haute qualité (BEA, traçabilité, agro-environnement, etc.) et qui a un coût important. Ne pas choisir est obligatoirement le mauvais choix dans un marché ouvert.


Une reprise en main par de vrais agriculteurs

Si la France ne veut pas d'une agriculture livrée au marché mondialisé, où les fermes à taille humaine seront remplacées par des unités de production aux capitaux détenus par des groupes industriels ou financiers, les éleveurs ont également le devoir de reprendre en main leur production (typologie, volume, …) et surtout sa mise en marché. Cela pourrait passer symboliquement par un arrêt des délégations de facturation aux organismes acheteurs.
Les éleveurs ne peuvent pas rompre le dialogue avec leurs clients. C'est bien au contraire avec eux que nous devons construire de nouveaux schémas commerciaux. La CR œuvre pour sortir toute la filière des discours préconçus des « professionnels du syndicalisme agricole » qui ont conduit l'agriculture dans l'impasse actuelle et qui rendent presque inutiles les interprofessions en ne cherchant que leur propre promotion ou celle de leur structure. L'instrumentalisation de la détresse des éleveurs à des fins politiques est écœurante.

 

Dans la même catégorie

Économie
Bourgogne Franche-Comté
Environnement
Prédateurs et nuisibles