La fièvre catarrhale ovine (FCO) ou maladie de la langue bleue, progresse et exhorte les pouvoirs publics à prendre les dispositions nécessaires pour que les producteurs ne soient pas balayés par l’aggravation de leur situation économique liée à cette maladie plus commerciale que sanitaire. Un point régulier sur les dépistages, les mouvements et la vaccination sera effectué afin que vous soyez informé le mieux possible.

1)      Situation sanitaire et dépistages en cours

Un nouveau zonage est applicable depuis vendredi 02/10 au matin, avec une extension importante vers le nord-est dû au foyer repéré dans le nord de la Nièvre. Ce sont maintenant 38 départements qui sont concernés par la zone réglementée, dont 7 nouvellement : 10, 28, 51, 52, 70, 77, 91. 45 foyers ont été déclarés à l’Office International des Epizooties (OIE) depuis le début de l’épisode.

Avec les nouvelles versions des instructions transmises, la Direction Générale de l'Alimentation (DGAL) précise : « un certain nombre de suspicions liées à l'obtention de résultats positifs dans le cadre de la surveillance sont en cours d'investigation et nécessitent des confirmations par le Laboratoire national de référence (LNR). Il convient donc d'être prudent vis à vis d'éventuelles annonces de nouveaux cas qui n'auraient pas un caractère officiel. »

Si ces suspicions nécessitent confirmation du LNR, c’est parce qu’elles sont posées hors départements 03,23 et 63.

Toutefois, les informations mises en ligne sur la Plateforme ESA vendredi et concernant la surveillance en place, ne vont pas, pour le moment, dans le sens d’une diffusion virale importante et large sur notre territoire continental : cliquez ici pour voir l'article en ligne ; à signaler que ces données n’incluent pas le cas de la Nièvre confirmé en fin de journée le 1er octobre.

- Concernant la surveillance programmée (dépistage national en cours) : au 1er octobre, près de 45% des résultats étaient disponibles, pour 585 élevages dépistés dans 73 départements, représentant 17 276 bovins prélevés : 21 élevages ont présenté des résultats + (inclus dans les 45 foyers déclarés depuis le début de l’épisode), dont 19 dans les départements de l’Allier, de la Creuse et du Puy de Dôme, et 2 dans le Cher, ces derniers étant en partie à l’origine de l’extension du zonage.  

- Concernant la surveillance évènementielle (suspicions cliniques) : au 29 septembre, 150 animaux (73 bovins, 72 ovins, 5 caprins) issus de 64 élevages de 31 départements (hors Allier, Creuse et Puy de Dôme où la confirmation par le LNR n’est plus nécessaire) ont présenté des signes cliniques suspects de FCO. Les analyses par PCR de ces prélèvements sont toutes négatives, sauf pour un bovin situé dans le Cher (correspond au 3ème foyer du Cher déclaré cette fin de semaine)

L'ensemble des résultats du dépistage national est attendu pour la fin de semaine, et un CNOPSAV-Santé Animale FCO est programmé le 13 octobre pour faire le point sur la situation sanitaire et sur la stratégie de zonage qui en découlera.

 

2) Point sur les mouvements

L'Instruction DGAL/SDSPA 2015-835 du 02/10/15 (consulter la note) intègre une nouvelle fois des allègements possibles par rapport aux restrictions initiales de mouvements.


Mouvements sur le territoire continental :

Pour mémoire, les grands principes de circulation des ruminants vivants et de leur matériel génétique entre ces différentes zones reposent sur les règles suivantes :

- circulation possible à l’intérieur d’une même zone, y compris en Périmètre Interdit (PI)

- mouvements centripètes possibles d’une zone favorable vers une zone moins favorable du point de vue de la circulation virale, mais sans retour en arrière ; ce qui se décline ainsi en termes de mouvements 

  • Possibles de Zones de Surveillance (ZS) vers Zones de Protection (ou PI), mais sans retour en arrière
  • Possibles de Zones Indemnes (ZI) vers Zones réglementées (ZR = ZS+ZP) mais sans retour en arrière

- circulation centrifuge de ZR vers ZI impossible, sauf dérogation :

  • Animaux d’abattage : chargement d’animaux sans signe clinique en respectant une avance centripète pour le ramassage, dans des moyens de transport désinsectisés, puis sortie de ZR directement sans rupture de charge jusqu’à l’abattoir, et abattage des animaux dans les 24h après leur arrivée

A ces grands principes, se sont ajoutés différents allégements sous conditions (V2) :

- A l’intérieur de ZR :

  • Possibilités de mouvements de ZP vers ZS généralisées, sous réserve d’une PCR négative après 14 j de désinsectisation

-  De ZP ou ZS vers ZI :

  • Jeunes animaux <70 j destinés à l’engraissement (notamment veaux de 8 j) puis à l’abattage sur le territoire continental : pas de signes cliniques dans les cheptels d’origine, désinsectisation des animaux et des moyens de transport, allotement dans la zone la plus défavorable en fonction des élevages collectés, puis transport direct vers un bâtiment fermé et désinsectisé
  • Retour d’estive : absences de signes cliniques lors du départ, désinsectisation des animaux et des moyens de transport, bâtiment d’arrivée fermé et désinsectisé, contrôle par PCR 14 j après retour
  • Protocole dérogatoire spécifique  pour la sortie de jeunes mâles devant rentrer en station d’évaluation génétique en ZI : sortie avec PCR négative après 14 j de désinsectisation 

 

Cette 3ème version inclut de nouveaux allègements possibles pour la sortie de PI vers ZP uniquement :

Jeunes animaux <70 j destinés à l’engraissement, avant abattage sur le territoire continental : absences de signes cliniques, transport direct, animaux, moyens de transport et bâtiment de destination désinsectisés, et confinement (bâtiment fermé)

- Retour d’estive : absences de signes cliniques, transport direct, animaux, moyens de transport et bâtiment de destination désinsectisés, et isolement en bâtiment fermé (la possibilité d’aller de PI en ZS est ouverte mais après 14 j de désinsectisation en bâtiment fermé et l’obtention d’une PCR négative avant départ : faisabilité ?). A noter qu’actuellement aucune sortie n’est possible de ZR vers ZI pour les ruminants destinés au marché français.


Mouvements aux échanges vers un autre Etat membre de l’UE :

Les modalités dérogatoires définies par le Règlement UE 1266/2007 pour la circulation de ruminants d’une ZR d’un Etat membre vers une ZI du même sérotype dans un autre Etat membre obligent aujourd’hui à vacciner les animaux avant départ, sauf accord entre les 2 Etats membres : seuls peuvent partir les ruminants valablement vaccinés, c’est-à-dire :

- Après primo-vaccination complète (1 ou 2 injections selon le vaccin et l’espèce) + 60 j

- OU après primo-vaccination complète + délai nécessaire à l’installation de l’immunité + désinsectisation de 14j et PCR négative

A signaler que les mouvements aux échanges ne sont actuellement pas possibles pour les animaux en PI.

Des négociations sont donc en cours pour envisager des protocoles alternatifs à la vaccination (PCR négative), ainsi que pour réduire les délais après primo-vaccination : l’Italie et l’Espagne ont été priorisées en raisons du volume des animaux envoyés, de l’urgence pour les broutards, et des accords bilatéraux préexistants.

ESPAGNE : un nouvel accord bilatéral vient d’être signé et est en application depuis le 02 octobre (cliquez ici pour le télécharger) ; il sera revu d’ici fin novembre, mais prévoit les possibilités suivantes pour le moment, applicables aux 3 espèces de ruminants :

  • Principes généraux :
    • Soit les animaux sont vaccinés depuis au moins 10 j (primo-vaccination complète avec 1 ou 2 injections selon le vaccin utilisé)
    • Soit les animaux ont présenté un résultat négatif à une PCR individuelle après désinsectisation (protocole spécifique à respecter à voir ici) depuis au moins 14 jours
  • Possibilités complémentaires pour les jeunes animaux < 70 j :
    • Soit les jeunes sont nés de mères vaccinées  (inapplicable actuellement)
    • Soit, pour les agneaux et chevreaux : désinsectisation des jeunes 14j avant l’allotement et lors de la constitution du lot avant départ, et échantillonnage du lot pour analyses PCR individuelles avec résultats négatifs sur 30 animaux (ou sur tous les animaux du lot si < 30)
    • Soit pour les veaux : désinsectisation des cheptels d’origine pendant 14j et échantillonnage du cheptel pour analyses PCR individuelles avec résultats négatifs sur 30 animaux (ou sur tous les animaux si moins de 30 animaux présents) (inapplicable en termes de faisabilité, les veaux pouvant partir pour le moment après PCR individuelle négative tel que prévu dans les principes généraux)

- ITALIE : les discussions sont toujours en cours au plus haut niveau car si le principe d’accepter des BV vaccinés depuis plus de 10j (après les 2 injections de primo vaccination) semble acquis le protocole de désinsectisation + PCR négative ne semble pas encore accepté.


Mouvements à l’export vers les Pays Tiers

Une réunion est prévue pour faire le point, notamment des avancées suite aux déplacements de la DGAL la semaine dernière en Algérie et en Turquie :

- ALGERIE : des premières informations que nous avons, les bovins destinés au marché algérien pourraient partir avec une PCR négative après 14 j de désinsectisation, la vaccination n’étant pas souhaitée pour le moment.

- TURQUIE : si le district d’origine correspond toujours à la « région », ce sont aujourd’hui 4 régions françaises qui sont interdites d’export vers ce pays, avec les foyers récents du Cher et de la Nièvre :  Auvergne, Limousin, Centre et Bourgogne.

- Concernant les envois par camion pour les animaux des autres régions, un point de déchargement a été autorisé par la Hongrie, ainsi que plusieurs en Bulgarie.

 

3) Point sur la vaccination

La phase d’urgence avec les seules doses disponibles jusqu’en février-mars, est en cours d’organisation.

L'instruction « vaccination » parue jeudi dernier visait essentiellement les modalités d’organisation de la campagne : meilleur ciblage des jeunes animaux destinés à l’export (broutards de 6 à 16 mois), précisions sur l’optimisation des commandes et les modalités d’enregistrement.

Pour mémoire, ont été priorisées les cibles suivantes :

-          Vaccination des foyers sous APDI 

-          Vaccination des ruminants dans les outils collectifs génétiques : CIA ovin (uniquement), des stations d’évaluation génétique bovin viande (BV) et OV des races allaitantes, ainsi que des Centres d’Elevage des races ovines laitières

-          Vaccination des ruminants destinés aux échanges européens et à l’export vers les pays tiers : essentiellement les broutards mais aussi les reproducteurs bovins et ovins

Rappel : la vaccination de ces animaux n’est possible qu’en ZR

 

Concernant les reproducteurs, après avoir lancé la vaccination des outils collectifs génétiques BV et OV, un travail a été effectué sur la vaccination des animaux partant aux échanges ou à l’export.

Le dispositif a pu être lancé pour les ovins et les instructions correspondantes ont été ajoutées dans la V3 de l’instruction que vous pouvez télécharger ici.

Une première phase de vaccination pour les ovins reproducteurs partant aux échanges intra UE ou à l’export vers les pays tiers (environ la moitié des animaux prévus correspondant aux 13 000 doses Calier dédiées)a été lancée, dans la mesure où le ciblage était facilité par le rassemblement des animaux, d’une durée d’au moins 60 jours.

Pour les bovins reproducteurs, le ciblage parait beaucoup plus difficile et la garantie désinsectisation + PCR négative sera a priori beaucoup plus utilisée.

 

 

 

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