Le 27 octobre dernier était organisée une table ronde de la filière bovine à laquelle a participé la Coordination Rurale. Contrairement à ce que laisse entendre la communication du ministre Stéphane Le Foll, pour la CR l'heure n'est pas à l'enthousiasme. En effet, force est de constater que les engagements pris lors de la première table ronde organisée en juin sont loin d’être remplis. Alors qu’il avait été décidé d’une hausse de 5 cents/kg carcasse par semaine sur 12 semaines, nous observons au final une hausse de + 8 cents/kg carcasse sur toute la période et ce, dans le meilleur des cas ! Face à cette réalité, le ministre veut rester optimiste et se borne ainsi à comparer les prix actuels avec ceux de 2014, qui était rappelons-le : une très mauvaise année ! Au cours de cette rencontre, des contrats accompagnés d'une caisse de sécurisation ont été présentés par le ministre : des bouées de sauvetage qui feront l'objet de réunions ultérieures. A la place des contrats tripartites, la FNB veut quant à elle en profiter pour court-circuiter les abatteurs en faisant des contrats directs avec la grande distribution, l'abattage n'étant qu'une simple prestation de service. Reste à expliquer comment les GMS font travailler des carcasses entières (fluctuations saisonnières). Si la volonté est de simplement déstabiliser le secteur de l'abattage, la Section Viande de la CR n'y voit pas d'intérêt. Par ailleurs, le steak haché fait l'objet d'une attention particulière. Cela est très inquiétant car les simulations réalisées intègrent des données de base erronées : ainsi, les animaux considérés sont de moindre valorisation bouchère que ce n'est le cas en réalité (uniquement des vaches O alors que le marché impose de valoriser des avants de jeunes bovins et de vaches allaitantes en steak haché). Enfin, tout le monde s'accorde pour dire que les cotations doivent mieux refléter la réalité, mais il a été proposé d'intégrer systématiquement la valorisation label, dont la plupart des animaux ne peuvent bénéficier. Ces raisonnements bancals n'aideront pas à changer la situation actuelle ! Pour la CR, il est évident que l'objectif des acteurs n'est plus de réussir à faire monter le prix, échec total depuis plusieurs mois, mais bien de parvenir à ce qu'il ne baisse pas plus. Ce risque est d'autant plus fort que les indicateurs sont au rouge et que l'on attend 10 % de vaches de réforme supplémentaires d'ici la fin de l'année. Michel Manoury, président de la Section Viande de la CR, s'inquiète de ces perspectives : « Rien n'a été dit sur les baisses des charges, ni la PAC alors que les éleveurs vont subir une baisse des aides qu'ils ne pourront pas supporter. Rien non plus sur l'urgence de mieux adapter notre production à notre consommation. Quand va-t-on poser les vraies questions : que faire de nos troupeaux ? Comment les utiliser pour répondre à la demande intérieure ? A force de faire des tables rondes qui n'aboutissent à rien, il faudra sans doute en consacrer une à la cessation pour faire face à l'urgence de ceux qui ne peuvent plus attendre ».

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