Michel Vergnier (Creuse) et Yves Daniel (Loire-Atlantique), deux députés membres de la mission d'information sur l'avenir des filières d'élevage, ont soumis en commission un amendement à la loi de finances rectificative pour 2015, visant à instaurer une taxe de 5 % sur le chiffre d'affaires des entreprises de transformation de produits carnés dépassant les 250 millions d'euros, afin de financer un fonds d'aide à l'élevage en crise.


Lourd à supporter pour les filières et au final pour les éleveurs


Alors que les filières élevages dans leur ensemble traversent une grave crise structurelle, certains abatteurs et transformateurs pourraient se voir imposer une nouvelle taxe non pas sur les bénéfices, mais sur le chiffre d'affaire. La filière qui doit déjà faire face à des problèmes de compétitivité avec ses concurrents européens devrait également connaître des distorsions sur le plan national car cette taxe ne devrait concerner que les plus grosses entreprises.

Par ailleurs, celle-ci ne s'appliquerait que sur les produits carnés abattus et/ou transformés dans les abattoirs français. Si cette mesure insensée était maintenue dans la loi de finances rectificative alors ce serait un signal clair de délocalisation de l'abattage envoyé aux abattoirs français concernés et un magnifique  cadeau fait aux  importateurs de viande qui n'auraient même jamais osé l'imaginer. A l'heure où le gouvernement prétend retrouver le chemin de la compétitivité et développer les exportations de viande, il est difficile de trouver mieux que cette taxe pour détruire les derniers atouts de la filière française.

De plus, la section viande de la CR n'est pas dupe : cette taxe destinée à financer un fonds de soutien à l'élevage sera répercutée sans aucun doute sur les prix d'achat aux producteurs. Ainsi, si le ministre de l'Agriculture ne peut pas, comme il aime à le répéter, décréter un prix, les députés de la commission ont trouvé un moyen de les faire baisser.


Pas de jaloux suite au prélèvement sur le FNGRA


Les responsables politiques ne sont jamais à court d'idées mais en apparence rarement les bonnes. Après que le gouvernement a décidé de ponctionner dans les caisses du FNGRA (consulter notre article à ce sujet), les députés ont sans doute voulu rétablir l'équilibre entre l'amont et l'aval de la filière en instaurant cette taxe. Quelle est la prochaine étape : instaurer une taxe sur les entreprises de distribution pour soutenir les abattoirs ?

Il est malheureux de voir que nos députés ne se posent pas les bonnes questions et ne comprennent toujours pas les problèmes de l'élevage français.
Si les éleveurs ne parviennent pas à dégager un revenu de leur production, c'est bien parce que les filières ne les rémunèrent pas, et la section viande de la CR ne voit pas ce que cette taxe pourrait y changer.

Les éleveurs seraient en droit d'attendre de deux députés de territoires ruraux et intéressés aux problématiques de l'élevage, puisque membres de la mission sur l'avenir de l'élevage, une meilleure connaissance de leur difficultés et une plus grande clairvoyance sur les solutions à apporter. Il est vrai que la Creuse, département d'élevage s'il en est, ne compte plus d'abattoir bovin depuis plusieurs d'années. Ceci explique-t-il cela ?

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