La situation des exploitations céréalières est au plus mal suite à ces 3 années consécutives où les coûts de production sont supérieurs aux prix de vente et 2016 ne s'annonce pas plus glorieuse. Nous sommes nombreux à être obligés de réaliser des prêts pour boucler la campagne. Pour ma part, c'est un prêt de 40 000 € que j'ai dû rembourser cette année. Dans les années 80, le prix du blé se vendait à plus de 200€/T et 30 ans plus tard les prix avoisinent les 125 €/T, alors que les coûts de production approchent les 170 €/T.

En parallèle, nos aides compensatoires chutent inexorablement, entre 2014 et 2019, on m'enlève 40 % des aides PAC.

La situation financière des exploitations est au bord du gouffre, le moral des paysans est au plus bas. Pour qu'un agriculteur puisse s'en sortir, il devrait avoir un prix minimum de 200 €/T tout en conservant ses aides, bien sûr. Sans aides, si l'on suit l'évolution des salaires, le prix du blé devrait être de 600 €/T. Ce n'est pas disproportionné ! Nous sommes réglementés et contrôlés pour produire de la qualité. Mais à quoi bon, quand on sait que l'on importe du blé ukrainien ! Est-il aussi contrôlé que le nôtre ? Notamment en matière de radioactivité… Un agriculteur nourrit les Hommes, n'a-t-il pas le droit d'être considéré à sa juste valeur ? D'avoir un revenu digne de ce nom ? De vivre de son savoir-faire ? C'est à se poser la question quand on sait qu'un agriculteur se suicide tous les 2 jours et que rien n'évolue !!! Mais que faire pour ces hommes qui ont travaillé durement toute leur vie et qui n'y arrivent plus ? Une seule chose : remonter les prix à des valeurs rémunératrices. A la Coordination Rurale depuis toujours nous voulons « Des prix pas des primes ». Monsieur Beulin, président de la FNSEA, préfère des normes collectives d'accompagnement social plutôt que de défendre nos intérêts. Ce n'est pas un problème majeur pour le président du groupe Avril qui représente l'agroalimentaire dans toute sa splendeur ! Pour ma part, avec un tel niveau de prix je vais devoir geler l'ensemble de mon exploitation. Aujourd'hui, dois-je encore me battre pour rester agriculteur ou ma seule et unique option est-elle de faire un autre métier ? Nous avons besoin d'une réaction urgente de nos élus politiques. L'agriculture a besoin d'être reconsidérée à sa juste valeur pour que les paysans retrouvent leur dignité.

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