Suite à une demande de Stéphane Le Foll, l’Anses a été saisie pour réaliser l’expertise suivante : « Évaluation mettant en balance les risques et les bénéfices relatifs d’autres produits phytopharmaceutiques autorisés ou des méthodes non chimiques de prévention ou de lutte pour les usages autorisés en France des produits phytopharmaceutiques comportant des néonicotinoïdes » ou en d’autres termes « savoir quelles sont les alternatives aux néonicotinoïdes ».

Un premier volet… sur trois… et orienté sur un unique ravageur

Dans un premier avis remis le 8 mars, l’Anses présente le premier volet de cette évaluation ainsi qu’une étude de cas basée sur la cicadelle de la flavescence dorée.

Si beaucoup de médias ou d’organisations ont tiré des conclusions hâtives en remarquant l’existence d’alternatives, d’efficacité et d’opérationnalité équivalentes, la Coordination Rurale préfère rester mesurée et attendre la parution des deux autres volets fondamentaux à savoir :

  • le 2e volet visant à renseigner, pour usage et PPP identifiés, des indicateurs de risque pour l’Homme et l’environnement (y compris les pollinisateurs) ;
  • le 3e volet ayant pour objectif d’étudier la faisabilité de l’évaluation de l’impact économique global des différents scénarios étudiés.

Ce que nous indique ce premier rapport est intéressant mais très loin d’être suffisant pour conclure quoi que ce soit. En effet, l’Anses conclue que les néonicotinoïdes ont 6 alternatives phytopharmaceutiques au moins aussi efficaces et aussi opérationnelles*, et ce, pour lutter contre la cicadelle de la flavescence dorée (et uniquement la flavescence dorée dans ce rapport !)

Il est à signaler que nous n’avons aucune certitude quant à l’avenir réglementaire de ces molécules.

À titre de comparaison, les conclusions de ce premier rapport seraient du même acabit que de conclure qu’il existe des alternatives au transport en voiture Diesel telles que la marche à pied, le vélo, le train, le bus ou la voiture électrique.

* les Pyréthrinoïdes, les OrganoPhosphorés, les OrganoPhosphorés+Pyréthrinoïdes, les Pyréthrines, les Oxadiazines et l’arrachage des plants.

Une exigence moindre pour les potentielles alternatives

Quant aux méthodes alternatives, le groupe de travail a estimé qu’il n’y avait aucun résultat satisfaisant. Il devrait être envisagé une approche de lutte intégrée combinant plusieurs méthodes.

Dans sa fiche sur la Cicadelle (usage vigne), l’Anses retient 9 alternatives aux néonicotinoïdes (NN) dont 3 ont une échelle d’efficacité et/ou une opérationnalité inférieure aux NN. Une méthodologie plus que discutable pour la Coordination Rurale.

En effet, la lutte contre la flavescence dorée est une lutte obligatoire régie par arrêté préfectoral. Le viticulteur est tenu d’obtenir une très bonne efficacité sous peine de se voir obliger d’arracher ses ceps. Dans ce cadre, il apparaît inconcevable pour la Coordination Rurale que l’Anses puisse soumettre des alternatives à la lutte contre la flavescence dorée dont l’efficacité est jugée comme moindre actuellement.

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