Dans le cadre de la formation AGROCAMPUS OUEST (à Rennes), spécialisée dans les productions végétales, des étudiants ont fait la rencontre de plusieurs agriculteurs, afin d’analyser leurs pratiques de production et leur évolution dans le secteur des grandes cultures de la Marne, et plus particulièrement sur les pratiques agro-écologiques. Trois céréaliers de la Coordination Rurale de la Marne se sont prêtés au jeu. Zoom sur leur vision de la profession, leur activité et leur exploitation.

Rencontre avec Franck Charpentier : une approche technique et globale

Franck Charpentier, agriculteur céréalier en conventionnel a fait part de son ressenti aux étudiants. La dynamique socio-économique du département, les pratiques agronomiques, les semences fermières et l’évolution des réglementations sont des préoccupations majeures dans sa vie professionnelle. Mais aussi de manière plus globale, la disparition des quotas laitiers, puis sucriers, les réglementations sur la fertilisation, l’usage de produits phytosanitaires et la qualité de l’eau, impactent fortement les pratiques culturales.

Les étudiants ont pu aborder la question de l’agriculture de conservation, avec la réduction du travail du sol grâce aux techniques culturales simplifiées, les micro-doses phytosanitaires mais aussi l’agriculture biologique.

Rencontre avec Jean-Paul Simonnot : l’agriculture biologique

Converti totalement en bio depuis 2013, Jean-Paul Simonnot possède une exploitation de 193 hectares. Ses principales cultures sont le blé d’hiver et de printemps, les lentillons, le chanvre, l’avoine et la luzerne.

Très impliqué dans la culture biologique, Jean-Paul Simonnot fait partie d’un réseau de fermes témoins et de l’association Agrobio 51, qui a un rôle de relais des actions de la FNAB (Fédération Nationale d’Agriculture Biologique) auprès du département de la Marne. L’association permet de mettre en place des conférences et des formations ainsi qu’une entraide entre les adhérents, tout en permettant l’achat local (Biocoop).

Jean-Paul Simonnot est convaincu que l’agriculture du futur est une agriculture qui utilisera de moins en moins de produits phytosanitaires. L’agriculture biologique va continuer d’augmenter ses surfaces, mais ne sera pas majoritaire, car la demande des consommateurs régulera l’offre. Il faut garder intactes les filières betterave et pomme de terre car même si elles sont gourmandes en intrants, elles génèrent beaucoup d’activités et d’emploi dans le département.

 

Rencontre avec Christophe Saint-Juvin : l’optimisation

Installé en agriculture conventionnelle avec une surface agricole utile de 140 ha de terre de champagne, Christophe Saint-Juvin cultive notamment du blé, de l’orge, de la luzerne (pour déshydratation), une vingtaine d’hectares de betterave, du pavot, de la lentille, du chanvre et un peu de colza, sur 5 sites dont le plus éloigné est à 50 kilomètres de l’exploitation. Pour lui, l’assolement doit être conçu en fonction des sites afin d’optimiser les déplacements en tracteur. Par exemple, le site le plus éloigné n’est composé que d’une culture pour ne pas multiplier les trajets pour les applications phytosanitaires et la fertilisation.

Toutes les cultures sont conduites en non labour avec du travail superficiel à la herse classique. Idéalement, il souhaiterait arrêter de faire du colza et du blé car ce sont des cultures qui dégagent en moyenne des marges trop faibles : « il n’y a aucune maîtrise du prix et un niveau d’intrant à apporter assez important ». Lorsque les cours des céréales semblent à la baisse pour une année, il tend à réduire en partie la dose de fertilisants. Le colza et le blé sont stockés pour être revendus dans l’année lorsque les cours sont meilleurs.

Concernant la réglementation, Christophe Saint-Juvin pense « qu’il faut arrêter de faire des lois en se basant sur des tableurs Excel ». Il estime qu’il est important de replacer les agriculteurs dans les centres de décision et arrêter de légiférer en se basant sur des estimations et des prévisions.

Enfin, d’un point de vue syndical, il est important que les agriculteurs soient impliqués dans les syndicats ou les OP (Organisations de producteurs), mais pour mobiliser davantage, il faudrait prévoir une rémunération pour le temps passé. Le service de remplacement permet d’indemniser des journées de remplacement mais peu utilisent ce système, pas assez simple à mettre en place et chronophage (expliquer au remplaçant les tâches à réaliser, problèmes rencontrés, etc).

Dans la même catégorie

Grand-Est
Grand-Est
Grand-Est
Grand-Est