Le département de la Marne a connu au cours du printemps 2016 des conditions climatiques exceptionnelles, marquées par des pluies intenses et des inondations. Puis, dès la fin juillet, et jusqu’à la fin de l’été, les terres ont souffert d’une période de sécheresse intense.

Nouveau zonage - inondations

Le 14 décembre 2016, 268 communes reconnues en force majeure inondation (par arrêté préfectoral du 12 juillet 2016) sont également reconnues en calamité agricole, par le Comité National de Gestion des Risques en Agriculture (CNGRA). Les paramètres retenus sur le zonage initiale sont :

  • Déficit fourrager : 1102 UF/EVL
  • Pertes de récolte sur prairies permanentes : 45 %
  • Pertes de récolte sur prairies temporaires : 45 %
  • Pertes de récolte sur maïs fourrage : 35 %
 

En mars 2017, 24 communes de la vallée de l’Ardre et la partie aval du Petit Morin, non intégrées à la demande initiale, sollicitent la reconnaissance en calamité agricole ; il s’agit des communes suivantes : Bligny, Bannay, Baye, Bergeres-sous-Montmirail, Boissy-le-Repos, Chaumuzy, Corfelix, Courtagnon, Courville, Crugny, Faverolles-et-Coemy, Fismes, Le Thoult-Trosnay, Marfaux, Mecringes, Montmirail, Nanteuil-la-Foret, Poilly, Pourcy, Saint-Gilles, Sarcy, Savigny-sur-Ardres, Serzy-et-Prin, Tramery.

Synthèse météorologique entre mars et août 2016

(d’après les données de météo France)

La période de recharge de septembre 2015 à mars 2016 est relativement normale malgré des pluies plus régulières et importante à partir de la moitié de la période de recharge (janvier 2016). La situation se dégrade à partir de mai jusqu’en juin où la pluviométrie est largement excédentaire, dépassant les normales de saison. La fin du mois de mai est marqué par de forts orages et épisodes pluvieux, qui contribuent à gorger les sols d’eau. Le mois de juin s’inscrit dans la continuité des épisodes orageux et pluvieux et les sols sont saturés en eau sur la quasi-totalité du département de la Marne (hormis la Montagne de Reims et la Craie Nord). Ils ne peuvent plus absorbés l’excédent, on observe des records.

Les phénomènes d’inondation sont constatés, dus aux cumuls de pluie totale ainsi que de pluies efficaces. L’absence d’assèchement des sols par l'action du soleil ou du vent et l’absence d’évapotranspiration par la végétation ne permettent pas aux sols d’essuyer l’excédent. Le mois de juillet est relativement normal, marqué par un épisode orageux vers la fin du mois, tandis que le mois d’août est particulièrement sec et déficitaire malgré un violent orage (18 août). Les sols restent humides jusqu’à la mi-septembre, malgré un déficit pluviométrique en été. Les températures sont globalement dans les moyennes de saison, sauf pour le mois d’août, marqué par une vague de chaleur :la moyenne mensuelle est au-dessus des normales de saison et l'été connait un épisode éventuel de sécheresse ( juillet doux et août estival).

Conséquences sur la production fourragère

La zone d’extension présente les même caractéristiques que la zone initialement reconnue. L’ensemble du département présente un déficit «faible» sur l’ensemble de la saison (-15% de pousse, donnée cumulée en date du mois d’octobre par rapport à la pousse annuelle de référence).

La pousse de l’herbe est largement sous les normales de 75 % à partir de mi-juin et ce, jusqu’en octobre. De plus, les inondations ont eu des conséquences directes sur les rendements, avec des parcelles noyées, piétinées ; le ravinement a été important. La récolte tardive (fin juin/début juillet) ne permet pas d’améliorer les rendements : les fourrages récoltés sont de mauvaise qualité et en faible quantité. Les pertes quantitatives moyennes constatées sur les fourrages sont de l’ordre de 45% sur les prairies et de 35% sur les maïs ensilage. Puis la deuxième pousse ou regain est limité quand il n’est pas simplement absent.

Le rapport de Meteo France commandé par la DDT faisait état d’un dépassement des durées de retour 10 ans de la pluviométrie du mois de mai 2016 sur l’ensemble de 12 points stations météos du département.

La DDT précise :

  • Que les inondations et intempéries sont exceptionnelles tant dans leur ampleur que dans leur survenance tardive, à un stade de végétation inhabituel (fin de printemps)
  • Que la DDT est allé constater sur le terrain les dégâts occasionnés par les inondations le 24 juin 2016
 

Conclusion du rapport d’enquête de la Vallée du Petit Morin et de l’Ardre

Cette enquête a été effectuée les 11 et 13 avril 2016 dans deux exploitations :

  • SCEA LECLERE PERE et FILS à CHAUMUZY pour la vallée de l’Ardre.

Pour cette exploitation, l’exploitant a mis en place diverses solutions pour compenser une perte de production d’environ 219 tonnes de matière sèche de ses prairies, due à la dégradation des pâtures par les inondations et à l'absence de repousses du fait de la sécheresse estivale. Le déficit de quantité sur les prairies est ainsi de l’ordre 40 %. Cette perte en quantité s'accompagne d'une perte de qualité sur la première fauche : le foin récolté est très mature et sali par la terre, ce qui a dégradé sa valeur alimentaire et ses propriétés de conservation.

  • Mme BRESSION Joëlle au THOULT TROSNAY pour la Vallée du Petit Morin

Sur cette exploitation, l’exploitant a mis en place diverses solutions pour compenser une perte de production d’environ 66 tonnes de matière sèche de ses prairies, due à la dégradation des pâtures par les inondations, à un rendement légèrement dégradé en première coupe et à des repousses fortement compromises du fait de la sécheresse estivale. Le déficit de quantité sur les prairies est ainsi de l’ordre 49 %. Cette perte en quantité s'accompagne d'une perte importante de qualité sur les foins : récolté très matures et salis par la terre, leur valeur alimentaire et leurs propriétés de conservation sont fortement dégradées.

Le rapport établit cette conclusion:

« Cette mission d’enquête constate : un déficit de production des prairies en quantité d'environ 45%. Malgré une sortie retardée des animaux, les pâtures ont été fortement dégradées. De plus, la fin de l'été, exceptionnellement sec, a compromis les regains. Des fourrages récoltés de très mauvaise qualité. Les première coupes n'ont pas pu être réalisées dans le calendrier habituel, les parcelles étant restées très humides jusqu'à la fin du mois de juin. Si les rendements en première coupe se situent proche d'une année normale, l'herbe a été récoltée à un stade de maturité très avancé et salie par la terre. La qualité n'est donc pas au rendez-vous, tant du point de vue de la valeur fourragère (foin très ligneux et peu appétant), que des propriétés de conservation (développement de spores butyriques). Certains foins récoltés, non consommables, ont dû être détruits.

Dans ces deux petites régions, les conséquences des inondations et les conséquences climatiques exceptionnelles sont sensiblement identiques avec les 3 autres petites régions agricoles visitées par la précédente mission d'enquête. Les tensions sur la ressource fourragère se sont accrues à l'entrée de l'hiver : les stocks des exploitations ont été mis à rude épreuve par la succession de la sécheresse en 2015 et de inondations en 2016. Les quelques ballots qui ont été stockés cette année sont de piètre qualité. »

Décision

Le comité départemental d'expertise émet un avis favorable quant à la reconnaissance du département en calamité agricole sur les prairies et propose :

  • De valider les résultats de la mission d'enquête et de confirmer, sur la base des documents fournis et des expertises, le caractère exceptionnel des conditions climatiques;
  • De demander la reconnaissance complémentaire des calamités agricoles sur les 24 communes précitées;
  • De retenir les taux de pertes moyens sur prairies et maïs dégagés par la mission d’enquête;
  • De transmettre dans les meilleurs délais un dossier de demande de reconnaissance complémentaire en vue de son examen en CNGRA du 24 mai 2017

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