Depuis maintenant près d’une semaine, l’attention médiatique s’est focalisée sur les passes d’armes entre la FNSEA et Michel-Édouard Leclerc concernant le seuil de revente à perte. On retrouve la veille rengaine du syndicat majoritaire qui pointe la seule responsabilité de la grande distribution dans les prix bas que touchent les agriculteurs. Pourtant, les coopératives agricoles ne sont pas innocentes. Alors que ce sujet n’a été pratiquement pas évoqué pendant les États généraux de l’alimentation (EGA), la CR entend rappeler que certaines coopératives, les plus grosses le plus souvent, ne bénéficient malheureusement plus aux agriculteurs alors que leur mission essentielle est de les servir en leur procurant un revenu supérieur.

Dans le secteur laitier, Danone, un industriel privé, a ainsi pratiqué une rémunération de ses éleveurs de 8 % supérieure à celle de ses concurrents. La coopérative Sodiaal peut-il en dire autant ?

Les dérives de la coopération particulièrement marquées dans le secteur de la viande et du bétail

Répartition des marges, filialisation, concentration... Autant de phénomènes qui éloignent les coopératives de leur vocation première : mutualiser les moyens pour servir les agriculteurs et valoriser au mieux leur production. En développant des outils de transformation à travers des filiales notamment, les coopératives ont pleinement endossé le rôle de transformateur. En restant dans une activité de collecte et de négoce, elles auraient pu permettre d’établir un meilleur rapport de force avec les transformateurs. C’est dans ce domaine que les éleveurs ont besoin d’elles !

Ainsi, au niveau de l’abattage/transformation, la mainmise de l’entreprise Bigard ne doit pas faire oublier que 21 % des bovins et 34 % des ovins sont abattus par des entreprises coopératives. Outre leur capacité à contrôler une partie du marché, les coopératives prennent de plus en plus les éleveurs en étau, en devenant à la fois leur fournisseur et leur client. Ainsi intégré, l’éleveur n’a plus la possibilité d’être maître chez soi. Ainsi, dans l'Ouest, certaines coopératives contrôlent l’alimentation animale destinées aux engraisseurs et une importante partie de leurs débouchés via l’abattage des jeunes bovins.

Enfin, dans le secteur de la collecte de bovins et de la mise en marché, Coop de France a profité des EGA pour demander la suppression des organisations de producteurs non commerciales (OPNC). Si le fonctionnement des OPNC laisse à désirer, pour la CR, elles sont néanmoins nécessaires pour maintenir une saine concurrence dans l’aval de la filière entre négociants privés et les coopératives.

Cependant, la CR déplore la dérive syndicale de nombreux dirigeants de ces structures, qui excluent de fait une grande partie des éleveurs, alors qu’au contraire, le but initial est de les regrouper.

Comme cela avait été évoqué en février lors de son action au sein du Haut Conseil de la coopération agricole (HCCA), la CR souhaite qu’une réforme soit engagée en vue de réserver le statut coopératif – dont découle en particulier un régime fiscal très favorable – aux seules coopératives de taille humaine et réellement gouvernées par leurs adhérents. Elle souhaite en outre que les syndicats agricoles siègent de droit au sein du conseil d’administration du HCCA, organisme censé contrôler le respect de l’éthique par les coopératives.

Dans la même catégorie

Porcs
Viande
Alimentation
Élevage