Un objectif ambitieux, mais uniquement surfacique et pour quel revenu ?

Alors que le Projet de loi d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture a été adopté par l’Assemblée nationale, l’agriculture biologique se voit dotée de nouveaux objectifs pour 2030.
D’un objectif fixé dans le plan stratégique national de la PAC 2023-2027 de 18 % des surfaces agricoles en bio en 2027, on passe ainsi à un objectif pour l’État d’arriver « au 1er janvier 2030 » à une « surface agricole utile cultivée en agriculture biologique » qui « atteigne 21 % » suite à des propositions d’amendements de l’exécutif et des députés.

On reste encore une fois sur des objectifs uniquement surfaciques, sans mention ni inquiétude de la viabilité économique ou de la capacité des marchés à absorber ces productions.

Ceci étant, cet objectif reste cohérent avec celui introduit par le Green Deal, qui ambitionne d’atteindre 25 % des surfaces de l’Union européenne en bio.

 

L’Union européenne persiste dans la saturation du marché bio

Des eurodéputés ont interrogé le Commissaire européen à l’Agriculture, M. Wojciechowski, à ce sujet.
Ils s’inquiétaient de l’écart entre la situation actuelle et son taux de croissance, qui, s’il se maintient, ne permettra d’atteindre une part de la superficie agricole utilisée (SAU) en bio que de 15 %, « ce qui est bien inférieur aux ambitions de l’Union. »

D’après ces eurodéputés, certains pays ont même enregistré l’année dernière une diminution des surfaces en bio. En Lituanie, par exemple, elle a reculé de 6 %.
En France, la situation n’est pas meilleure : 35 % (2022) à 40 % (2023) du lait biologique a été déclassé.
Dans sa conjoncture sur la filière des céréales biologiques, France AgriMer estime le volume de céréales déclassées pour la campagne 2023-2024 près de quatre fois supérieur (+269 % !) à celui de la campagne précédente, et des stocks finaux qui grimpent également de 16 % en un an !

Mais c’est une inquiétude que ne partage pas le Commissaire européen. Dans sa réponse, il indique que « la Commission continue de mettre pleinement en œuvre le plan d’action de l’UE en faveur du développement de la production biologique », et que les demandes de la Bulgarie et de la Lituanie de diminuer les valeurs cibles de part de la SAU en bio n’ont pas été approuvées par la Commission.

La marche forcée se poursuit donc, à coup de subventions pour créer un choc de communication à l’efficacité douteuse, d’objectifs politiques à visée électorale ; c’est un triste miroir aux alouettes pour les agriculteurs.

 

Sans régulation, pas de marché sain !

Pour la CR, la logique voudrait et aurait voulu que l’agriculture biologique se développe en réponse à une demande, pour continuer de trouver sa valorisation sur un marché réel et non supposé. Le développement du bio ne peut pas et ne doit pas se faire en réponse à des injonctions politiques et à coup d’aides. Cela revient à subventionner la saturation du marché, et donc les difficultés des agriculteurs bio en place.
Pour la CR, il faut s’attaquer au problème plus profond de saturation du marché et de régulation de la production d’un marché historiquement rémunérateur car « de niche ».
La trajectoire de progression des surstocks de produits bio – céréales en particulier – sont une alerte majeure, alors même que les agriculteurs convertis il y a 2 ans vont entrer sur un marché de plus en plus saturé.
Il est donc nécessaire de stopper les conversions dans les filières en tension en l’absence de garanties contractuelles fermes ou d’étude de marché assurant au producteur une rémunération satisfaisante.

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