A partir du 1er janvier 2011, les agriculteurs vont se voir imposer l’utilisation d’un nouveau carburant, dit fuel traction (ou EN 590), présentant des caractéristiques différentes du fuel domestique qu’ils utilisaient jusqu’ici. Présenté comme faiblement pourvu en soufre, ce nouveau carburant dédié aux tracteurs agricoles aurait l’avantage de moins polluer. Mais sa résistance au froid n’allant pas au-delà de - 15°C, des additifs devront lui être associés par basses températures.
Autre point noir, ce gazole se dégradera plus vite et aura par conséquent un temps de stockage plus faible. Des rotations courtes de stockage devront donc être respectées et le passage par le point « cuve vide et propre », avant de mettre le nouveau fuel EN 590, sera obligatoire.
Pour les agriculteurs c’est donc une régression qui va se traduire par des coûts et des tracas supplémentaires. Plusieurs points nous semblent très discutables dans cette nouvelle mesure : - cette nouvelle formule franco-française n’est appliquée dans aucun autre Etat-membre de l’Union Européenne ; - pourquoi exiger un carburant spécifique aux tracteurs agricoles alors que l’industrie continuera à utiliser pour ses groupes électrogènes et autres moteurs ou chaudières, un carburant à forte teneur en soufre ? - pourquoi également ne pas faire partager cette contrainte aux particuliers qui utilisent du fuel domestique dans leurs chaudières ?
A y regarder d’encore plus près, comment ne pas être scandalisé du fait que finalement, le nouvel EN 590, n’est rien d’autre que du fuel domestique additionné avec 7 % d’ester méthylique d’huile végétale (EMHV, biocarburant « Diester » issu de la transformation des huiles de colza et tournesol), dont la stabilité à l’oxydation dans le temps est un handicap majeur. Avec les pourparlers de baisse de la défiscalisation, la consommation du Diester par les agriculteurs, avec des surcoûts importants, créera une distorsion de concurrence hallucinante pour les agriculteurs français que les promoteurs des agro carburants se sont bien gardés de divulguer. Finalement, le fuel traction n’est-il pas le moyen de faire payer collectivement aux agriculteurs les erreurs de leurs responsables professionnels ? Autrement dit : « vous avez voulu à tout prix les biocarburants, alors consommez-les vous-mêmes ! »
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