Lors du Salon de l'Agriculture, les éleveurs de la Coordination Rurale ont été marqués par l'intervention de Jocelyne Porcher, directrice de recherche à l'INRA de Montpellier, qui prédit la fin de l'élevage au profit des produits protéiques de synthèse.



Des produits animaux sans animaux

Derrière la surmédiatisation des mouvements végétariens / végétaliens et de la défense des animaux se cache un business plus discret qui tire profit du discrédit de l'élevage. Ces firmes soutenues par des fonds d'investissements misent sur le changement de nos modes de consommation et préparent dès aujourd'hui l'acceptation sociale des viandes de synthèse, des œufs, du fromage et du lait faits à partir de soja et de levures.

Les associations des « amis des animaux » cautionnent pleinement ce type de produits sans considérer les enjeux économiques et sociaux que représentent les filières animales. En 2008, PETA, une organisation internationale de défense des droits des animaux, offrait une prime d'un million de dollars pour créer et commercialiser de la viande de poulet in vitro.

Alors que la demande mondiale en produits carnés augmente, la conquête des parts de marchés est lancée dans tous les pays. Pour les protéines animales, indispensables à la survie humaine, la compétitivité des éleveurs pourrait être mise à rude épreuve face aux produits d'une industrie agro-alimentaire automatisée, sans cycle long de production et sans les éleveurs...



L'opposition aux projets « industriels »

Les manifestations en opposition aux fermes de grande taille sont la preuve d'une incompréhension totale entre la société et les éleveurs. On s'attaque à des projets d'agriculteurs qui cherchent à se regrouper pour s'en sortir au lieu de s'attaquer à un système de politique agricole qui induit l'agrandissement. La Coordination Rurale s'indigne de cet écologisme intégriste qui voudrait imposer une morale tout à fait subjective en fixant des seuils d'acceptabilité. Hier 1000 vaches, aujourd'hui 280 vaches à Bréhan (56) et demain pourquoi pas 5 vaches ? Encore faudrait-il pouvoir en vivre ! Le seul résultat est l'opposition des agriculteurs entre eux et la pression sociale qui les conduit à la faillite ou pire parfois.



Quelle place restera-t-il pour les éleveurs ?

La Coordination Rurale refuse de croire que le souci du pouvoir d'achat des consommateurs l'emportera sur celui de la qualité et la sécurité de l'alimentation. Les exploitations d'élevage ont toute leur place dans les territoires comme source de nourriture, de vitalité économique et de structuration des paysages. Pour maintenir dans les campagnes des agriculteurs fiers de leur métier et donc respectueux de leurs animaux, il faut revoir la fixation des prix à la production. Le revenu est l'élément fondamental qui conditionne l'activité agricole, or actuellement beaucoup d'éleveurs ne s'octroient pas de salaire et réinjectent tout dans la ferme, pour payer les dettes ou investir.



La Coordination Rurale revendique la liberté d'entreprendre de manière identique dans toutes les régions de France. Il est également nécessaire d'activer les leviers efficaces au soutien des agriculteurs. A savoir, la régulation des marchés et la répartition équitable des marges dans les filières pour garder des paysans nombreux et prospères.



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