La publication des comptes de l’agriculture de la nation est l’occasion de faire le bilan des deux dernières années écoulées sur le plan comptable et sur le plan conjoncturel. Ces chiffres ne nous apprennent pas grand-chose les chiffres, car tous les éleveurs sont parfaitement conscients de la situation. Cependant, les données de la CCAN donnent pleinement raison à la Section viande de la CR sur les origines du mal.

Le revenu 2015 est toujours parmi les plus bas

L’excédent brut par exploitation (EBE) bovin viande reste le plus faible de la branche agricole (49 571 € - +2,8 % /2014). Les dotations aux amortissements du secteur restent parmi les plus faibles (22 617€). Les éleveurs ont très peu de marges de manœuvre pour investir et améliorer leurs outils et leurs conditions de travail. Les moyens de productions continuent de vieillir ce qui concourt à l’appauvrissement des éleveurs.

Dans le détail des chiffres de la CCAN, il est nécessaire d’aller au-delà du revenu courant avant impôt (RCAI), qui reste inexorablement bas, 18 835 €/UTANS bien qu'en augmentation de 3 %. Au cours de l’exercice 2015, les ventes ont augmenté, mais dans le même temps, la valeur ajoutée a diminué. Même si ces évolutions sont faibles (respectivement +1,6 % et -1%), elles indiquent que pendant que les éleveurs se serrent la ceinture, leurs « partenaires » n’hésitent pas à se servir sur leur dos !

Si les éleveurs bovin viande ont des revenus à la traîne, ils ont les subventions parmi les plus élevées (43 300 €, + 3,9 %). Ainsi, 85 % d’entre eux ont un RCAI négatif sans subvention, contre tout de même 10 % avec. C’est face à ce déséquilibre que la CR continue de promouvoir une rémunération par les prix. D’autant que pour beaucoup d’éleveurs, les subventions intégrées aux résultats 2015 n’ont été perçues que fin 2016. La situation va devenir plus délicate dans les prochaines années car ces subventions proviennent en partie de l’ICHN, dont nombre d’éleveurs seront sevrés suite à la révision du zonage.

Au vu de la conjoncture 2016, la situation se dégrade encore

A partir d’avril 2016, les cours des animaux finis se sont fortement repliés et ils sont en dessous des coûts alimentaires. Malgré un afflux de vaches laitières, qui ont fortement déstabilisé les marchés, les abattages ont diminué (-0,5 %), indiquant une baisse importante des abattages de vaches allaitantes et de jeunes bovins. Par conséquent, les volumes d’abattages en poids auraient dû chuter. Au contraire, ils ont augmenté (+0,5 %). Face aux prix bas, les éleveurs ont alourdi leurs animaux. Cela témoigne d’un commerce en panne ! De janvier à septembre, les exportations d’animaux finis se sont fortement dégradés en nombre (-13,8 %) et en volume (-8,8 %), renforçant les disponibilités sur le marché intérieur, et accentuant la baisse des prix. Dans le même temps, les exportations de viande ont légèrement augmenté. Ces chiffres prouvent l’irresponsabilité de ceux qui veulent nourrir le monde avec de la viande française. Sur ce point, la section Viande de la CR a aussi raison : nous sommes incapables, au-delà des crises sanitaires, de trouver des marchés exports pour notre viande. Il faut arrêter de produire pour exporter dans une course à la libéralisation des échanges perdue d’avance. Coté maigre, le commerce a été perturbé par la FCO. Les tensions ainsi provoquées sur le marché ont permis une augmentation des prix d’environ 4 % sur les 9 premiers mois. Par contre, ils ont chuté à partir d’octobre. De janvier à septembre, les exportations de broutards ont été stables (+0,4 %) mais cela cache une forte disparité entre les broutards lourds, exportés vers l’UE (Italie principalement) et qui ont progressé de 12,5 %, alors que dans le même temps celles de broutards légers chutait de 28 % (fermeture Turquie). Faute d’une politique volontariste sur l’engraissement en France, notre production d’animaux maigres reste encore et toujours soumise aux desiderata de nos clients étrangers .

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