Dans un article de la France Agricole du 27 juillet dernier, Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine (FNB), estimait que « notre ministre est en décalage horaire ». La CR se demande si ce ne serait pas plutôt la FNB qui serait en décalage horaire...
En effet, notre analyse de la situation n'est pas identique, loin de là ! Certes l'administration porte ses torts dans la crise de l'élevage, mais la FNB en a tout autant - si ce n'est plus ! Il n'est donc pas légitime que la FNB se pose en victime... Rue de Varenne, la porte a toujours été ouverte pour la FNSEA et la FNB.
La FNB siège par ailleurs partout et possède la large majorité des présidences des commissions et sections d'Interbev, notamment les très importantes sections bovins, veaux, et commissions commerce extérieur et communication. Est-ce que la FNB, qui a donc la responsabilité des débats et prospectives, se pose les bonnes questions ? La réponse est non. Jamais la section gros bovins n'a travaillé sur une vision à long terme de la filière, se demandant si nos troupeaux sont adaptés à la filière viande d'aujourd'hui et de demain.

 

La FNB n'est pas une victime, elle est responsable.

Qui a refusé le découplage total soutenu par la CR ? La FNB. Elle a milité pour le découpage partiel alors que le découpage total était l'option qui permettait de perdre le moins pour les éleveurs allaitants et de viande. Qui a accepté le retrait immédiat des génisses du calcul des primes compensatoires PAC ? La FNB. Alors qu'un changement par paliers aurait permis de maîtriser la production de veaux. Et les exemples comme ceux-là sont légion. Tout simplement parce que la FNB a orienté depuis 30 ans l'ensemble de la filière bovins viande sans aucune vision à long terme.
Et que dire de leur apport aux discussions interprofessionnelles ? Rien n'est fait pour un débat serein et apaisé qui permettrait de trouver des solutions ensemble pour la filière. Ce ne sont pas les actions comme celles du SIA (destruction de stands d'industriels) qui permettront de refaire fonctionner l'interprofession.
Certes, l'export reste bouché, et ce malgré la plate-forme mise en place par le ministère de l'Agriculture. Il manque effectivement des garanties de paiement et des solutions bancaires pour les transferts de fonds internationaux pour que les entreprises se lancent dans l'aventure. Car les exportateurs ne peuvent pas prendre des risques seuls. Il est nécessaire de proposer des solutions techniques à ces difficultés pour que la plate-forme commence à fonctionner.

 

Oui, les producteurs vont mal, très mal. Ce sont eux les victimes ; pas la FNB.

Les éleveurs n'ont d'ailleurs plus confiance en la FNB et Monsieur Fleury. Ils attendent des solutions pour sauver leurs exploitations. Pour leur permettre de retrouver une rémunération, la CR a de nombreuses propositions.
Il est temps d'exiger les mêmes règles de production pour les produits importés que celles imposées aux producteurs français.
Il est temps de desserrer le carcan administratif qui pèse sur les élevages (et toute l'agriculture) par une réelle simplification.
Il est temps d'adapter la fiscalité agricole aux réalités du métier d'éleveur. L'élevage bovin viande est sur un cycle de production long, avec des immobilisations importantes.
Eu égard à cet état de fait, il est essentiel de revoir la taxation fiscale et sociale de l'agriculture pour diminuer la pression fiscale et sociale des productions à cycle long. En effet, pour les éleveurs qui dégagent encore un revenu positif, cela provient plus de la fiscalisation des immobilisations (cheptel, stocks fourragers...) que des ventes.
Il est grand temps de penser aux producteurs avant de penser à la filière !

Dans la même catégorie

Porcs
Viande
Alimentation
Élevage