Monsieur le Ministre,
Depuis plus d'un an et demi, vous tentez d'écrire une réforme de la PAC qui à ce jour reste pour le moins incomplète. La section viande de la Coordination Rurale vous demande de mettre fin à ce suspens qui vous ridiculise et qui détruit nos exploitations.
Si vous vous inquiétez pour votre image ou pour le poids de la parole présidentielle, puisque vous avez annoncé lors du Sommet de l’Élevage 2013 une réforme en faveur de l'élevage, nous préférons vous rassurer sur ce point car tout est déjà joué. Vous aviez promis une augmentation des soutiens pour les éleveurs, nous sommes contraints de constater que vous avez surtout multiplié les contraintes. Hormis votre cour, aucun professionnel n'a été dupe et la section viande de la CR vous avait prévenu :
« Sans changer les règles d'une PAC obsolète, jamais vous n'aiderez l'élevage »
A chaque réunion de concertation, vous êtes resté sourd à nos propositions et à nos analyses. C'est ainsi que vous vous êtes enfermé dans une situation inextricable ce dont vous vous rendez compte un peu plus chaque jour. Vous avez enfermé les producteurs de viande bovine dans une réforme sans ambition jusqu'en 2019. A cette date, où serez-vous ? La réflexion sur cette question explique sans doute votre manque d'écoute face à nos problèmes.
Monsieur le Ministre, faute d'avoir été visionnaire ou bien conseillé, il va vous falloir à présent être courageux, très courageux, pour annoncer aux éleveurs une PMTVA au rabais, un renforcement illusoire de l'ICHN, un plan protéine dénué de sens et le vide absolu sur l'engraissement et la gestion des marchés.
Il est désormais temps de cesser les discours de complaisance et de présenter la réalité, en clarifiant notamment les modalités d'attribution des différentes aides. A cet égard, ayez la délicatesse de ne pas faire passer vos services pour des incompétents comme ce fut le cas avec l'aide ovine pour laquelle l'instruction technique a été publiée seulement quelques jours avant la date limite de dépôt des dossiers de demande.
Monsieur Le Ministre, il faut à présent quitter votre costume flamboyant de porte-parole du gouvernement, reprendre le bleu de chauffe et revenir auprès des éleveurs moribonds, que vous êtes censé soutenir.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l'assurance de notre haute considération.
Bernard Lannes,
Président de la Coordination Rurale
