Depuis des années, la situation de l'élevage français est très préoccupante. Tout le monde en convient, sauf nos responsables politiques qui ne montrent aucune volonté de changer les règles du jeu. Après tout, les abattoirs et les outils de transformation sont approvisionnés et les rayons des grandes surfaces sont pleins de viande. Alors pourquoi s'alarmer et s'inquiéter du sort des producteurs de bovins viande gras ou maigres?


 

Un revenu sans surprise

La faiblesse du RCAI (1) (18 300 € par UTANS(2)) des exploitations « bovins viande » pour 2013 ne surprend en rien la section viande de la CR car il en est ainsi depuis de nombreuses années.

Graphique RCAI

Les éleveurs sont las de faire tous les ans le même constat et d'observer le même immobilisme du gouvernement, trop content de pouvoir se cacher derrière Bruxelles. Quel espoir leur est permis pour 2014 ? : aucun, leur revenu sera catastrophique (RCAI prévisionnel de 14 500 € par UTANS) mais il était inutile d'attendre le rapport de la CCAN. Quelle que soit la catégorie considérée, les prix des bovins en 2014 ont toujours été inférieurs à ceux de 2013, ils approchent même leur plus bas niveau de 2011.

 

Graphique cotation Broutard


Graphique cotation GBEA

Une production trop fragilisée

Au-delà du niveau de revenu extrêmement faible, la CR relève les faibles investissements des éleveurs (17 500 €/an entre 2010 et 2013, en baisse de 17 % par rapport à la période 2005-2010). Cette baisse significative indique un fort vieillissement des outils de production, très mauvais signe pour l'avenir de la production. Cette profession aurait pourtant besoin d'investir pour améliorer notamment les conditions de travail, ou encore diversifier son revenu par le biais de la méthanisation par exemple. Faute d'une relance d'envergure, la CR craint un abandon progressif de cette production et un abandon des zones rurales que jusqu'à présent elle a fait vivre.

 

Dans quelles dispositions attaquer 2015 ?

Les résultats de 2013 sont mauvais et les prévisions pour 2014 sont pires, il n'y a donc pas grand chose à espérer pour 2015. La réforme de la PAC, même si les politiques ne veulent pas se l'avouer, par manque de courage ou de discernement, n'apportera pas de solution, voire créera de nouveaux problèmes :

  • une PMTVA sans budget,
  • le ré-équilibrage céréaliers/éleveurs via la convergence est un subterfuge car de nombreux éleveurs (engraisseurs et naisseurs-engraisseurs) sont également pénalisés,
  • le verdissement est très pénalisant pour un système de production pourtant très respectueux de l’environnement,
  • les MAEC laissées à l'appréciation des régions qui, contre quelques deniers, vont apporter de nouvelles contraintes,
  • l'arrêt des quotas laitiers aura des conséquences sur le marché de la viande bovine,
  • le plan protéines risque d'affaiblir l'autosuffisance en céréales des éleveurs sans contrepartie financière suffisante.

 
Il ne faut pas non plus oublier dans ce triste panorama l'extension des zones vulnérables, véritable menace pour les producteurs de viande bovine. La nouvelle carte, que la CR dénonce fermement, va imposer de nouvelles mises aux normes : appellation franco-française qui oblige à investir pour n'améliorer ni la productivité, ni la compétitivité, ni le revenu, ….
 
La PAC n'apporte pas de soutien et elle ne crée pas non plus les conditions pour atteindre des prix de vente supérieurs aux coûts de production réels ; c'est à dire ceux incluant une juste rémunération du travail et du capital. Dans un marché artificiellement saturé où les coopératives n'ont vocation qu'à faire baisser les prix, les producteurs demeureront de simples variables d'ajustement. Un marché dans lequel s'affrontent des opérateurs de tailles économiques si différentes ne peut  pas trouver un équilibre satisfaisant uniquement par l'offre et la demande.

 

Des solutions existent

La Section Viande de la CR ne désespère pas car la production de viande bovine française à des atouts indiscutables : des races, un savoir-faire, des terroirs et surtout des hommes et des femmes qui aspirent à pouvoir vivre un jour de leur métier.
La section viande de la CR ne relâche pas la pression auprès des pouvoirs publics afin qu'ils prennent conscience de la nécessité de mettre notamment en place :

  • une régulation de la production de viande bovine (incluant les réformes laitières) grâce à l'anticipation des volumes via notre système d'identification performant et un recours à l'exportation en vif et en viande pour dégager le marché,
  • un allègement des contraintes environnementales et administratives qui n'ont aucune raison d'exister dans une production si fortement ancrée aux territoires,
  • un ré-équilibrage des négociations commerciales pour que les éleveurs puissent fixer leur prix de vente en fonction de leur coût de production, par l'intermédiaire d'un organisme agissant au-delà de l'interprofession, entre les éleveurs et les premiers acheteurs,
  • un marché européen protégé imposant la réciprocité des contraintes de production aux viandes importées,
  • une coopération au service des éleveurs pour défendre leur production.

 
La Section Viande de la CR ne doute pas du bon sens et de la faisabilité de ses propositions, être éleveurs n'est pas incompatible avec un revenu décent !

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