L'opinion publique se focalise constamment sur les aides perçues injustement par les richissimes agriculteurs. Or, dans l'ombre des projecteurs médiatiques, les industries agro-alimentaires touchent également des financements publics sans qu'elles fassent pour autant l'objet de contrôles ou de contraintes sur leur gestion d'entreprise alors que leurs stratégies impactent fortement les filières et ce, des producteurs jusqu'aux salariés.



AIM : un entêtement qui coûte cher aux éleveurs

Faute de trésorerie pour payer les salariés, les éleveurs et les dettes, le groupe AIM (Manche) entre en redressement judiciaire. Outre l'embargo russe, les concurrents européens et la chute de production dans le Grand-Ouest, la gestion serait en cause. En effet, les recommandations sur la valorisation des porcs sans antibiotiques des éleveurs n'avait pas été suivies.
En 2013, le Conseil Général avait d'ailleurs avancé 8 millions d'euros pour financer la structure, demandant en contrepartie un changement de la stratégie commerciale. Peine perdue. Aujourd'hui, on envisage de réduire le prix payé aux éleveurs pour rattraper l'affaire !



Coopérative : reprendre les manettes

Le groupe Terrena a validé le partenariat avec l'irlandais Dawn Meats visant à exporter plus de viande sur les marchés internationaux. Dans ce partenariat, c'est la vente des parts de la coopérative Elivia (filiale viande de Terrena) qui interroge les éleveurs de bovins viande. Pourquoi les irlandais seraient plus capables de rentabiliser ces outils d'abattage que les éleveurs français ?
Pour conclure un accord commercial, inutile de vendre la boutique ! Les intérêts réels sont ailleurs…
En 2012 et 2013, le groupe Terrena présente dans son bilan des subventions et transferts de charges à hauteur de 12 millions d'euros. Ce sont ces capitaux dédiés au développement de l'activité locale qui attirent les investisseurs étrangers. Il est peu probable que les agriculteurs restent décideurs et partagent la valeur ajoutée à part égale avec les actionnaires.

Le subventionnement des industries agro-alimentaires sans contrepartie déresponsabilise les dirigeants et introduit un déséquilibre de concurrence envers les autres structures qui ne reçoivent pas tant d'aides. La section viande de la Coordination Rurale appelle à la raison sur les financements publics. Il serait plus logique de développer les outils en fonction de la stratégie économique d'une région et au regard des perspectives de rentabilité escomptées. Les aides de l’État ne sont pas gratuites, la société attend un retour rapide dans les territoires.

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