La section Viande de la Coordination Rurale est catastrophée par la situation des éleveurs de bovins viande qui ne peuvent que constater, impuissants, la chute des prix de leurs animaux dans un marché complètement déstabilisé (crise laitière, reconversion, crise sanitaire…), et craint que le pire soit encore à venir avec le nouveau paquet de la Commission européenne.

Crise laitière : la double peine pour les éleveurs bovins viande

Les éleveurs de bovins viande subissent donc une double peine : augmentation des abattages de réformes laitières dans l'immédiat et augmentation du cheptel allaitant, donc de la capacité de production ensuite. A chaque crise laitière, la filière viande doit « avaler » les vaches laitières qui sont réformées à tour de bras faute de rentabilité. L'enveloppe annoncée lundi par la Commission européenne ne va constituer qu'une opportunité pour des éleveurs laitiers qui ont déjà décidé d'arrêter. Il ne faut pas oublier que les autres États membres sont eux aussi engorgés par ce type d’animaux, dont une partie arrive sur notre marché (vif, carcasse, viande...).

Depuis la fin des quotas, une augmentation des abattages

La Coordination Rurale et les acteurs de terrain le pressentaient : en 2015, les abattages ont augmenté de + 7 % (environ 65 000 VL) par rapport à 2014 (cumul annuel). Pour 2016, sur les six premiers mois, l’augmentation est de + 6 % (environ 28 000 VL) par rapport à 2015. Dans le même temps, le cheptel allaitant augmente essentiellement du fait de reconversions : + 100 000 vaches depuis décembre 2014. Sur les 4 premiers mois de 2016, les abattages de vaches ont augmenté en Espagne, en Pologne et en Allemagne de respectivement 13 %,12 %, 8 %.

Des choix politiques coupables

Les choix du ministre ayant été dictés par la Fédération nationale bovine (FNB), les éleveurs se retrouvent avec des Droits à paiements de base (DPB) amoindris, des Aides aux bovins allaitants (Aba) diluées et des prix très loin de couvrir les coûts de production. La FNB a trahi les producteurs mais - miracle - parle aujourd'hui de régulation, proposition de la CR qu'elle foulait au pied il y a encore quelques mois. En abandonnant les références historiques de la Prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes (PMTVA), l'effet de régulation de la production de viande bovine a été supprimé, tout comme la frontière entre producteurs de lait et producteurs de viande. Elle est désormais allègrement franchie en période de crise laitière. Telle est l’une des raisons pour lesquelles la CR avait proposé un découplage total lors de la dernière réforme de la PAC.

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