Nos Bien Pensants, et non pas nos bienfaiteurs, se délectent au fur et à mesure que cette société se complique, à nous harceler de mesures, de taxes et d’informations arrangées à leur sauce, qui se veulent en quelque sorte rassurantes, mais surtout nécessaires pour la pérennité de l’Agriculture disent ils.


Ce sont les Bretons qui ont donné le « LA ». Bravo ! Enfin du courage étalé au grand jour, « ils en avaient plein le choux-fleur » et comme le précise le dicton : trop c’est trop.


Écotaxe pour les Agriculteurs, et pourquoi pas alors « l’Equitaxe » pour nos politiques ? Eux nous polluent, et ne payent rien si ce n’est notre tête. Interrogeons-nous alors sur nos propres valeurs. Contre qui et contre quoi sommes-nous capables de nous défendre ? Quand on lit dans l’Indépendant que des agriculteurs du département doivent emprunter des sommes équivalentes à 50 € pour pouvoir s’alimenter au quotidien, je reste effrayé devant l'absence de réactions de ceux qui devraient mener des cortèges pour défendre leurs vies d’agriculteurs. Ne faudrait-il pas mettre rapidement en place des assises  départementales, régionales et nationales,  pour laisser parler enfin ceux qui crèvent du système ? Non, on assiste à l’omerta. C’est une mort lente qui plane en France. Les intéressés sont résignés semble t-il. Nos anciens nous ont pourtant appris de par leurs engagements à résister lorsqu’il le fallait et à se battre.


Une petite récolte est venue cette année encore affaiblir la viticulture du Roussillon. Le positionnement des instances viticoles, que je qualifie d’absurde, a entaché cette campagne. Alors où sont les responsabilités, sont-elles celles de l’incompétence ou celles d’un métier que l’on ne veut plus comprendre ?


Avec un petit rappel historique, j’assoirai mon propos. Rappelons pourquoi les Vins doux naturels (VDN) ont été codifiés.
En premier lieu, pour permettre au vigneron de dégager un revenu chaque année en produisant des VDN. Sans le procédé de mutage, on ne pourrait élaborer des vins doux qu’exceptionnellement, malgré notre climat qui se prête merveilleusement à donner des raisins à haute concentration de sucre. Depuis plus d’une décennie nos vendanges ont bénéficié de récoltes précoces dues au changement climatique. Mais cette année, nous avons assisté à un retour des dates de vendanges d’antan. Les degrés ont eu du mal à décoller, et aussi à baisser notamment dans le cru Banyuls, après une période de brumes et vents marin, le tout arrosé par la suite. J’ai personnellement failli perdre ma récolte de vin doux, heureusement le mauvais temps, en pleines vendanges, n'a pas perduré.


Dans le département, des voix se sont élevées pour demander l'accompagnement de cette récolte. Les instances ont répondu par la voie du Préfet, qu’il n’était pas question de chaptaliser. Certains se sont même offusqués que l’on puisse soulever le problème. Pour ma part , je suis personnellement contre l’ajout de sucre dans le vin , mais je suis favorable, à ce que l’on puisse mettre en place ce que je nommerai un « canot de sauvetage » pour les passagers et le personnel du VITANIC. Si les conditions avaient été pires, cela est déjà malheureusement arrivé, que nous aurait t-on donné ? Et bien du pain dur, comme d’habitude.


Je pense qu’il serait nécessaire d’avoir dans nos cartes (pour les AOP), une possibilité lors de vendanges mises en danger par les conditions climatiques, d’élever d’un degré seulement la récolte par le biais de moûts concentrés. Cela aurait permis d’obtenir cette année une récolte un peu plus abondante, car nous avons dû attendre que les degrés remontent, au détriment du poids. Il est évident que le dispositif devrait être piloté par les services administratifs liés à la profession, et ceci à titre exceptionnel. La situation des vignerons des PO est très fragile, une troisième récolte déficitaire sonnerait le glas de notre viticulture.


Pensons-y.


Jean Michel PARCE, vigneron à Banyuls

 

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