coordination rurale agriculture bio

Chacun sait que le monde agricole n'est pas très performant en matière de communication, mais entre être peu performant et pratiquer la communication approximative, de délation, et autodestructrice, il y a, je pense, une sacrée distinction à faire

Je viens attirer votre attention sur un article paru dans Centre Presse le vendredi 11 novembre sous le titre « comment produire bio sans perdre d'argent ».

Un sujet intéressant et louable au demeurant. Nous pouvons comprendre que deux agriculteurs (dont un ancien membre de chambre d'agriculture représentant de la Confédération Paysanne) éprouvent le besoin de se différencier en affichant qu'ils sont de grands défenseurs de l'environnement. C'est très bien d'afficher qu'ils ne consomment que 35 litres par hectare de carburant. Mais où se situe la référence? C'est très bien d'afficher qu'ils n'ont utilisé qu'une demi-dose à l'hectare de fongicide: mais par rapport à quelle pression maladie? (je suppose qu'il s'agit de cultures non bio...) Par contre, je suis choqué que nos deux compères qui s'expriment dans la presse, se soient crus obligés de faire un comparatif avec leurs collègues agriculteurs en les accusant de consommer 90 litres de carburant par hectare et d'avoir utilisé deux doses pleines de fongicide à l'hectare. Pour ma part, je suis incapable de dire combien mes voisins consomment en intrants et je ne pense pas qu'une personne soit capable d'affirmer ce que je consomme en carburant et produits phytosanitaires à l'hectare.

"On se grandit en s'accompagnant mutuellement vers le mieux faire"

En revanche, intégré dans un groupe « réduction de dose, bas volume et travail minimum du sol » depuis 1992, je sais par échange d'expérience à l'intérieur du groupe, combien consomment en intrants mes collègues de groupe. D'autre part, ayant souscrit en croisement d'information un contrat « suivi de cultures » à la chambre d'agriculture, j'ai interrogé mon technicien. En 2011, année exceptionnelle pour sa très faible pression en maladie sur les céréales, il se trouve que personne n'a utilisé deux doses pleines de fongicides à l'hectare, et mieux encore, dans mon groupe « réduction de dose » beaucoup en 2011 n'ont pas apporté de dose de fongicide à l'hectare. En conclusion, en se prétendant meilleurs que les autres, il se trouve que les donneurs de leçons s'avèrent être plus mauvais que ceux qu'ils condamnent sous l'expression « quand nos collègues en sont à deux doses ».

Je dénonce ici un comportement malfaisant car bien entendu ces affirmations abusives servent d'alibi à ceux dont le fond de commerce est de tirer à boulets rouges sur la profession agricole. On ne se grandit pas en « bavassant » sur ses collègues, on se grandit en s'accompagnant mutuellement vers le « mieux faire ».

 

Jean-René Gouron

Agriculteur (86)

 

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