À l’aube des élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024, notre syndicat a souhaité éclairer ses adhérents sur les positions des candidats à la députation sur des sujets cruciaux pour l’avenir de l’agriculture.

Dans cette optique, les présidents des départements de Bourgogne Franche-Comté, ont envoyé un courrier aux candidats avec une série de 10 questions fermées (réponses par oui ou non) qui permettront à nos membres de mieux comprendre leurs engagements et perspectives en matière agricole.

Pour le département de la Nièvre, 12 candidats se sont présentés, nous avons avons eu 9 adresses mails et 4 ont répondu à notre courrier. Voici leurs réponses :

 

1. Vous opposerez-vous à tout nouvel accord de libre-échange incluant un volet agricole favorisant des importations ne respectant pas nos normes et venant concurrencer les productions françaises ?

Mme MUNOZ (Debout la France) : Oui, la priorité doit être accordée à nos producteurs français qui ont un cahier des charges à respecter plus drastiques que les politiques agricoles européennes.

M. PAUL (Front Populaire) : Il nous faut instaurer un moratoire sur l’ensemble des accords de libre-échange en cours de négociation pour mettre en place une protection écologique et social pour notre agriculture. C’est le cas notamment de l’accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne (CETA) tout comme l’accord du Mercosur et protéger nos agriculteurs de la concurrence déloyale.

M. DUBOST (LR) : Oui, les Français n’ont pas besoin de viande canadienne, de légumes et fruits déjà produits en France.

M. GALLOIS (RN) : Oui, bien entendu. A commencer par celui avec le Mercosur que la Commission européenne avait prévu de relancer juste après les élections européennes.

 

2. Soutiendrez-vous l’exception agri-culturelle( à l’instar de l’exception culturelle, sortie de l’agriculture de l’OMC et des accords de libre-échange) ?

Mme MUNOZ (Debout la France) : Oui, soutien prioritaire à nos producteurs locaux, circuits courts et mise en commun des outils de production.

M. PAUL (Front Populaire) : Les produits de l’agriculture ne sont pas des marchandises comme les autres. Le reconnaître donne un statut exceptionnelle à vos métiers, vitaux pour la société, notamment dans les échanges internationaux.

M. GALLOIS (RN) : Oui, c’est l’un des engagements phares du RN. Il faut en effet une exception agricole française et arrêter de sacrifier l’agriculture française au profit de l’industrie allemande à chaque accord de libre-échange négocié par l’UE.

 

3. Soutiendrez-vous une uniformisation des normes environnementales entre tous les pays de l’U.E. et l’arrêt immédiat des surtranspositions en France ?

Mme MUNOZ (Debout la France) : Oui et non. Oui à l’uniformisation des normes environnementales, si toute l’UE applique les mêmes lois dans le but bienfaiteur du respect de l’environnement et par conséquent NON à la surtransposition en France, nos agriculteurs ne doivent pas passer leur temps à accomplir des tâches administratives de plus en plus chronophage et à subir des directives quelques fois même à contresens !

M. PAUL (Front Populaire) : Notre proposition est d’interdire l’importation de toute production agricole ne respectant pas nos normes sociales et environnementales et de simplifier les démarches administratives, surcharge insupportable.

M. GALLOIS (RN) : Oui, c’est la toute première mesure à prendre. Abroger toute surtransposition nationale qui crée une concurrence déloyale avec les agriculteurs européens. Il faut par ailleurs se battre à Bruxelles contre les normes délirantes imposées par l’UE.

 

4. Soutiendrez-vous une évolution de la Politique Agricole Commune allant vers le remplacement progressif des aides agricoles par une régulation des prix, afin que ceux-ci permettent la rémunération des agriculteurs ?

Mme MUNOZ (Debout la France) : Oui, toute personne qui travaille doit être récompensée par un salaire honorable pour vivre dignement ! Le monde agricole nourrit la France, ne jamais l’oublier ! Privilégions les commerces de proximité et les circuits courts.

M. PAUL (Front Poulaire) : Refonder la PAC, c’est assumer de ne pas simplement la réformer. La prime à l’hectare et la libéralisation des marchés ont plongé les agriculteurs dans la précarité. Il faut maintenant une autre PAC qui réoriente les soutiens publics vers des objectifs fixés dans un contrat renouvelé entre le monde agricole et alimentaire et la société. Notre proposition est de rompre avec la PAC libérale qui prévaut depuis 1992. En supprimant les quotas laitiers et les quotas sucriers, la PAC a succombé aux sirènes de la dérégulation et les agriculteurs continuent d’en payer le prix fort. Des produits sous indication géographique, comme le fromage Comté, démontrent que la
régulation de l’offre est le meilleur moyen d’assurer un juste partage de la valeur ajoutée, au nom de la souveraineté alimentaire.

M. GALLOIS (RN) : Oui, le juste prix pour nos agriculteurs est clé. La loi egalim n’est pas suffisante car les plateformes d’achat de la grande distribution sont situées ailleurs dans l’UE, ce qui leur permet de contourner cette loi française. Il faut se battre au niveau européen pour une meilleure répartition de la valeur entre les agriculteurs et la grande distribution.

 

5. Etes-vous prêt à vous engager pour une diminution drastique du nombre de normes et obligations pesant sur les agriculteurs, y compris sur le plan environnemental ?

Mme MUNOZ (Debout la France) : Oui, je dois approfondir le sujet…

M. PAUL (Front Poulaire) : Il faut nous engager vers une simplification des normes et des démarches administratives sans remettre en cause la santé et la protection de l’environnement. Le statu quo n’est pas possible.

M. DUBOST (LR) : Oui, il existe des normes intenables pour votre profession et qui ne changent rien à la qualité de vos productions.

M. GALLOIS (RN) : Oui, C’est une nécessité pour la survie du monde agricole. A ce titre, le Pacte vert européen est une catastrophe qui amènera une baisse de la production de 12 %. Ces mesures drastiques, sans alternatives crédibles, pour dans 6 ans, sont une folie de plus.

 

6. Vous engagez-vous à soutenir le modèle familial d’exploitation agricole, en particulier en allégeant la charge administrative, en favorisant circuits courts et vente directe, en luttant contre l’accaparement des terres par des coopératives financières ?

Mme MUNOZ (Debout la France) : Oui, laissons travailler nos agriculteurs de proximité qui sont présents sur nos territoires depuis de nombreuses générations. Ayons confiance en eux et que le profit soit pour eux et non pour des coopératives financières qui n’ont qu’un seul but : s’enrichir sur le dos des autres sans scrupules.

M. PAUL (Front Poulaire) : 
Sur la charge administrative : le monde agricole se plaint des lourdeurs administratives, souvent à juste titre, notamment quand l’administration française se surprotège faute d’une étroite concertation au préalable avec l’administration européenne. Il est nécessaire de simplifier les normes administratives sans renier nos engagements en matière environnementale.

Sur les circuits courts : Soutenir les investissements liés à la transformation des produits agricoles en proximité qui permet, pour une partie des revenus, de créer de la valeur ajoutée. Quand 57 % des broutards Nivernais sont abattus à l’étranger, 42 % en France et seulement 6 % en Nièvre, le maintien, la modernisation et le développement des abattoirs de proximité comme ceux de Corbigny, Cosne et Luzy, tout comme les ateliers de transformation à l’image du dernier né à Saint-Benin d’Azy « la Fermille », sont indispensables à l’économie agricole locale et témoignent de notre engagement.
Président du pays Nivernais Morvan et maire de Lormes je me suis battu avec les éleveurs et les bouchers locaux, le département, la commune et la communauté de communes pour rouvrir l’abattoir de Corbigny. Les travaux vont débuter cet automne pour une ouverture en début d’année (prudence sur annonce de calendrier). Un nouveau directeur est sur les rangs.
L’abattoir de Cosne est lui aussi en pleine mutation, pour moderniser ses locaux et transformer sa SA en SCIC.

Sur la question de l’accaparement foncier : Il n’y aura pas de renouvellement des générations et d’avenir pour notre agriculture si nous ne mettons pas un terme immédiat à la spéculation foncière et au phénomène d’accaparement et de concentration excessive des terres. En 25 ans, le prix des terres agricoles a doublé et la taille moyenne des exploitations a augmenté de 30%. Dans le même temps, 50% des chefs d’exploitation prendront leur retraite dans les 10 ans sans garantie d’être remplacés. Nous devons permettre l’accès à la terre
d’une nouvelle génération d’agriculteurs. La France ne pourra pas faire l’économie d’une grande loi foncière qui devra offrir régulation, préservation de notre potentiel productif et espoir aux futures générations avec des prix décents.

Une priorité : empêcher le contournement de la priorité à l’installation des jeunes par la création de sociétés.

M. GALLOIS (RN) : Oui, c’est une nécessité et cela passera par une répartition plus juste des subventions de la PAC, la priorité régionale pour les commandes publiques, notamment les cantines ainsi que la facilitation des transmissions des exploitations familiales.

 

7. Favoriserez-vous la consommation locale dans la restauration collective ?

Mme MUNOZ (Debout la France) : Oui, il faut absolument privilégier le circuit court, où la traçabilité est totale, en distribuant des produits frais et donc avec plus de vitamines à nos enfants et nos anciens. Apprenons à nos enfants ce qu’est un repas équilibré.

M. PAUL (Front Poulaire) : Oui et nous pouvons faire beaucoup mieux. Si nous passons de 15 % à 50 % de produits locaux dans la restauration collective en Nièvre, on passe de 733.000€ de CA à 2.444.350 €, soit l’équivalent de la rémunération de 50 salariés au SMIC.
Nous étudions avec le Conseil Départemental la possibilité de faciliter l’achat, la revente et la logistique des produits auprès des producteurs pour redistribuer vers la restauration collective. Le travail est en cours, nous aurons les premières pistes au début de l’été.

M. GALLOIS (RN) : Oui, bien entendu. Priorité au local, et à défaut, au national.

 

8. Soutiendrez-vous la mise en place d’avantages financiers favorisant la transmission des exploitations et l’installation des jeunes (suppression ou allègement de la taxe foncière sur les terres agricoles, des frais de succession, ….) ?

Mme MUNOZ (Debout la France) : Oui, je ne maîtrise pas ce dossier, mais je l’approfondirai, bien sûr !

M. PAUL (Front Populaire) : les agriculteurs, qui plus est les jeunes, doivent pouvoir s’installer dans de bonnes conditions et surtout vivre de leur métier. Ils ne peuvent plus être les victimes collatérales de la guerre des prix que se livrent les industriels et la grande distribution. Il est important de pouvoir garantir un revenu digne aux agriculteurs. Il faut les aider à mieux s’organiser pour faire face aux acteurs de l’agrobusiness et de la distribution. Il est également indispensable de revoir les règles de distribution des subventions de la PAC pour tenir compte des fortes disparités entre les agriculteurs. Les aides versées proportionnellement au nombre d’hectares ne réduisent pas les inégalités, elles les augmentent ! Nous plaidons pour que le nombre de travailleurs présents dans les fermes soit un des critères de distribution des subventions de la PAC.

M. GALLOIS (RN) : Oui, c’est un métier difficile et c’est la base de notre souveraineté. Il faut tout faire pour arrêter l’hémorragie de la baisse du nombre d’agriculteurs et du nombre d’exploitations agricoles. Je suis par conséquent favorable à toutes ces mesures.

 

9. Faciliterez-vous la création de retenues d’eau, l’entretien des fossés, étangs et cours d’eau en vue de lutter contre inondations et sécheresses ?

Mme MUNOZ (Debout la France) : Oui, cela paraît primordial pour le respect des cultures et de l’environnement, face au dérèglement climatique.

M. PAUL (Front Populaire) : la question de l’eau en agriculture est centrale et occupe de nombreux débats. Le Parlement doit se saisir au plus vite de ce sujet, pour éviter « la guerre de l’eau. » En Nièvre, même si le département avec le Morvan peut être vu comme un château d’eau, les prochaines décennies porteront des restrictions et annoncent des conflits d’usages entre agriculteurs, industriels et population. La façon d’anticiper et de réguler le rapport à l’eau est donc un enjeu stratégique majeur, mais il ne peut pas être juste imaginé à partir d’un arbitrage entre les intérêts particuliers des différents usagers actuels. L’enjeu est de redéfinir globalement notre rapport à l’eau en reformulant collectivement une compréhension commune de l’intérêt général. Ce n’est qu’à cette condition qu’il sera possible de dépasser les conflits récurrents autour des retenues collinaires, des polluants, de la concurrence entre les différents usages (industriels ou habitants), Nous devons préserver la ressource en qualité comme en quantité, tout en limitant les conflits d’usage et s’assurer d’une gestion partagée et concertée de ce bien commun.

M. GALLOIS (RN) : Oui, c’est une nécessité. Les projets de bassines sont entravés par des idéologues mais ont toute leur place. Le bon sens doit l’emporter.

 

10. Etes-vous favorable à la liberté pour les agriculteurs de produire leurs propres semences et de vendre leurs céréales sans passer par un intermédiaire ?

Mme MUNOZ (Debout la France) : Oui !!! Ça suffit ! Redevenons raisonnable ! La France doit rester souveraine et son peuple également ! Stop aux entreprises du Monopole ou aux intermédiaires qui ne servent à rien !

M. PAUL (Front Poulaire) : La liberté des semences est menacée par des semences génétiquement modifiées, lesquelles sont en train de contaminer le marché, mettant ainsi fin à la possibilité de nourriture sans OGM pour tous. Les agriculteurs doivent avoir la possibilité de produire en toute liberté, leur propre semence.

M. GALLOIS (RN) : Oui, bien évidemment. Cela doit aller de pair avec la baisse des normes et des contraintes qui pèsent sur nos agriculteurs. Pompidou disait d’arrêter d’emmerder les Français. Je dis à notre gouvernement d’arrêter d’emmerder les agriculteurs. Bien souvent les organismes de contrôle agissent avec les agriculteurs avec une présomption de culpabilité et les traitent comme des délinquants. Tout ceci n’est pas acceptable.

 

Réponse par mail de Mme VARELA (Debout de la France) :

Bien sûr que je défendrai bec et ongles Nos agriculteurs .. vos agriculteurs. Étant moi-même fille d’agriculteurs
À revoir toutes ces propositions que l’Europe nous a impliqué …
Tous ces oligarques de la finance qui nous ont fait que lire des règlements injuste ….tous ces petits hommes gris qui ne connaissent pas l’agriculture qui pense que les légumes poussent dans les supermarchés …tout est à refaire
Cette Europe n’est pas du tout l’avenir que nous prévoyait le général De Gaulle.

 

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