Les manifestations au Mont-Saint-Michel et à Caen ont rendu médiatique le mal-être des éleveurs français. Pour témoigner de la généralisation de cette crise à tous les secteurs, et apporter ses propositions sur les solutions à envisager, le Président de la Coordination Rurale du Loir-et-Cher a rencontré le Préfet, jeudi 23 juillet 2015.

Jeudi 23 juillet, la Coordination Rurale du Loir-et-Cher a rencontré le Préfet du département et le Directeur de la Direction Départementale des Territoires. Suite à l'exposition médiatique de la crise de l'élevage, ce rendez-vous a été l'occasion de faire le point sur les réponses données nationalement à ce phénomène, de témoigner de la crise au niveau du département, et de rappeler quelques propositions de notre syndicat. Le mal-être des agriculteurs est généralisé. Au-delà des éleveurs de porcs et de bovins, qui vendent en dessous de leurs coûts de production, c'est  tous les agriculteurs qui souffrent de la mise en place de la nouvelle PAC. Philippe Motheron et Stéphane Hubert ont commencé l'entretien par les témoignages d'un céréalier en difficulté « harcelé » par la MSA. Ce n'est en mettant la pression à cet agriculteur que sa situation financière s'améliorera, et qu'il n'exprimera pas son mécontentement. Le second témoignage est celui d'un éleveur laitier qui, avec ses mots, nous a fait part de la situation du secteur bovin.

Une entrée en matière qui ne faisait que confirmer la connaissance du problème par le Préfet. Les réponses du Gouvernement ne satisfont pas la Coordination Rurale. Philippe Motheron a réaffirmé la position de la CR41 de trouver d'autres moyens d'actions que la manifestation classique dans les rues, avec le risque de dégradations réelles, surtout dans ces périodes de mal-être et de tension. Mais si rien ne s'arrange, une dead line sera atteinte, et il n'y aura pas d'autres solutions pour contenir les agriculteurs que de se mobiliser, et de gêner quelques pans de la vie du département.

Concernant la proposition de promouvoir la viande française, Stéphane Hubert souhaiterait que ce point soit davantage mis en avant sur des grands événements, tels le Game Fair, où la viande proposée était d'origine argentine.

Quel type d'agriculture la France souhaite-t-elle pour demain ? La crise actuelle ponctionne sévèrement le potentiel de renouvellement des générations en agriculture. Qui seront les agriculteurs de demain s'il 'y a pas d'installation aujourd'hui ? Les vocations sont mises à mal. Comment envisager uj projet de vie en agriculture si l'on ne peut gagner sa vie ? D'autant plus que dans l'élevage, l'amélioration d'un cheptel se fait sur de longues années. La disparition d'éleveurs aujourd'hui, c'est tout un patrimoine acquit au fil des années qui ne pourra être reconstruit.

Outre les propositions du plan gouvernemental, la Coordination Rurale souhaite attirer l'attention des administrations sur les obligations d'intercultures, qu'elles soient en CIPAN ou en SIE. La sécheresse actuelle ne permet pas à une majorité d'agriculteurs de travailler la terre. D'autant plus que l'obligation de levée pour les intercultures comptabilisées en SIE n'est pas conséquent pas certaine. Comment feront les agriculteurs si cette obligation n'est pas respectée, et que leur taux de SIE passe en deçà du seuil des 5 % de SAU ? Il n'existe aucune alternative pour la campagne 2014-2015.

Concernant les contrôles, le Directeur de la DDT41 a affirmé que les contrôles dans le département étaient très limités. Ceux effectués par l'ONEMA sont quasi-inexistants, tandis que les contrôles autour de la PAC sont très difficile en raison de l'instruction tardive des dossiers.

Pour conclure, Philippe Motheron s'inquiète pour l'avenir, et les répercussions de l'accord dit TAFTA. Pour résoudre les problèmes, et la CR en est consciente depuis sa création, c'est une réforme en profondeur de la politique agricole qui est nécessaire. Ci-dessous, le témoignage et les propositions de cet éleveur pour l'avenir de la filière « bovin viande ».

Annexe : Témoigne de J.B. éleveur dans le département du Loir-et-Cher

Pour la viande, il faut remonter le prix payé de la viande en France. Mais remonter de combien ? Dans les Pays nordiques, elle est payée plus cher, et nous parlons d'Europe ? En Turquie et au Maghreb, les taurillons valent entre 8 et 9 €/kg de carcasse (source Réussir). La France refuse d'exporter en vif vers ces pays, alors que ça pourrait être un débouché, pourquoi ? Les bovins partent en Allemagne se faire tuer. Ils reviennent en France moins cher en carcasse. N'y-a-t-il pas là un problème ? Nous sommes incapable de gérer la situation, il faut dire la vérité !

Le marché de la viande bovine est intimement lié à celui du lait. Lorsque le cheptel laitier augmentait, le cours de la viande bovine augmentait aussi, avec 80 ct/Kg de plus en vache allaitante qu'aujourd'hui ! Le déficit de l'offre nous permettait alors de valoriser nos bêtes autour de 5 €/Kg. Aujourd'hui, on nous annonce une augmentation des abattages du cheptel laitier pour l'automne 2015 : les cours risquent de chuter encore plus !

Le marché fait certes le prix. Mais, quand même, quelque chose ne tourne pas rond dans la mise en marché. Les approvisionnement en bovins viandes des abattoirs sont principalement gérés par le système coopératif. Le prix n'est pas un objectif pour eux : alors qu'il devrait être au centre de leurs préoccupations, ils souhaitent faire du chiffre et des parts de marché. La seule proposition qui nous est faite est la contractualisation, sans volume et sans prix ! Et pourtant, la France n'est plus autosuffisante en viande et la grande majorité des viandes consommées en restauration collective sont importées.

Nous ne pouvons pas accepter les distorsions de concurrence agricoles ! Nous ne pouvons plus supporter les charges sociales et la fiscalité françaises. La MSA nous plombe, il faut remettre à plat les contributions sociales. La TVA sociale serait une solution, pourquoi refuser de l'envisager alors que plusieurs Etats européens la pratiquent ?

Voici quelques propositions : 1. Exporter en vif des bovins français, 2. Dénoncer et supprimer les accords internationaux de libéralisation du commerce 3. Réformer les cotations bovines, élargir et contrôler les marchés, 4. Harmoniser les règles sociales et fiscales européennes, 5. Mettre en oeuvre la TVA sociale 6. Privilégier les viandes françaises, puis d'Europe en cas de nécessité, 7. Instaurer une surveillance des coûts de production incluant le salaire de l'éleveur, avec une publication et une actualisation régulières, 8. Interdire les promotions : ce printemps, Leclerc vendait de la viande de porc à 0,80 €/Kg.

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