Le Vendredi 3 mai 2019, la CR Centre a rencontré le nouveau DRAAF, Bruno Locqueville.

Fait à souligner, c’est Monsieur Locqueville lui-même, DRAAF depuis le 18 mars, qui a demandé à nous rencontrer. Il a fait carrière en DDA puis en DDT avant de devenir DRAAF adjoint en région Aura puis DRAAF du Centre. Ingénieur des travaux ruraux, il réalisait au départ des études techniques pour les collectivités, mission par la suite ôtée aux DDA.

De nombreux sujets ont été abordés : SDAGE, importations contenant des résidus de produits phytos, analyses « glyphosate » menées par l’OPG (depuis devenue FGC), AMPA (métabolite du glyphosate mais aussi des phosphonates des lessives), stratégie protéines lancée par Didier Guillaume (ce sont hélas les importations qui orientent l’agronomie en France…), libre commercialisation des céréales (qui serait en synergie avec le plan protéines…), crise betteravière, problèmes d’insectes sur colza, irrigation et coût de l’énergie.

Il faut se garder de tout catastrophique concernant le niveau des nappes car nous avons déjà connu des périodes de grande sécheresse puis elles se sont rechargées. Il faut donc raisonner sur le temps long. A noter qu’en ce moment, la nappe de Beauce diminue sans que les arrosages aient commencé (effet des travaux de l’A19 sur la nappe de Beauce, devenue artésienne et alimentant le Fusain). La gestion des ouvrages sur les cours d’eau doit être revue (ouverture des vannages).

Les CIPAN sont l’emblème d’une vision verticale de l’environnement qui nous pousse à travailler en fonction de dates administratives et non plus en fonction de la météo. L’impossibilité de pâturer les jachères lorsque cela est nécessaire est également absurde. Pourvue que l’autorisation de les valoriser n’arrive pas à l’automne lorsque la sécheresse sera terminée !

L’étau se resserre de plus en plus : nos charges augmentent (RPD, conseil obligatoire, hausse des CVO…). Comment se fait-il que la carte grise d’une camionnette agricole soit plus coûteuse que celle d’un véhicule ordinaire ? Tout prétexte est bon pour nous taxer !

N’y allons pas quatre chemins : l’Etat a prostitué son agriculture pour défendre d’autres intérêts que les nôtres. Notre liberté nous est retirée tous les jours ! A un moment donné, il faut se poser cette question : continuons-nous à faire joujou avec le tracteur pour perdre de l’argent ou est-ce que nous devons tout arrêter ?

La dernière partie de la réunion a porté sur les contrôles qui pour nous doivent être des lieux d’échanges : le contrôle doit être pédagogique et non pas punitif ! En Eure-et-Loir et dans le Loir-et-Cher, la CR a mené des missions d’assistance lors de contrôles dont quelques unes sont relatées en détail au DRAAF. Certains contrôleurs zélés et malintentionnés posent particulièrement problème dans la région. S’ils ne sont pas recadrés par leur hiérarchie, un jour, il y aura un accident ! Le DRAAF, bien embêté, ne sait quoi nous répondre pour le moment.

En Eure-et-Loir, la pénalité moyenne est de 1 300 €, à comparer avec les 416 € de revenu moyen mensuel de la ferme eurélienne. Un agriculteur a eu 3 000 € de pénalité pour une petite erreur de dosage alors qu’il réduit fortement la quantité de phytos sur l’ensemble de son exploitation. Où sont les principes de nécessité et de proportionnalité ? La dragée a du mal à passer ! Y-a-t-il d’ailleurs encore besoin de contrôler sur place, avec toute la traçabilité qui existe par ailleurs ?

Très à l’écoute, Monsieur Locqueville nous a remerciés pour la franchise et la sincérité de nos propos. Nous lui avons proposé de le revoir dans un an pour refaire un point. Dans l’intervalle, il reste à notre disposition.

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