Pourquoi la CR a été créée par un groupe d'agriculteurs déterminés et visionnaires dont Jacques Laigneau était le meneur ?

En 1992, De Benoist, grand céréalier et responsable FNSEA disait que les céréales étaient trop chères. Tout le staff FNSEA de l'époque a travaillé les règles de la PAC et les a cautionné. Résultat, l'industrie a acheté les céréales 50% moins chères, le contribuable a payé la différence pour que les paysans aient des primes qui les font marcher avec carottes et bâton.

Et rappelez-vous, tous les ans, une nouvelle couche de règles PAC est servie et les réunions de paysans les plus suivies sont celles des mises à jour PAC co-organisées par la FDSEA et la DDA au moment de remplir les formulaires.

Depuis cette époque, la cogestion officiellement reconnue entre le gouvernement et le syndicat majoritaire a bien fonctionné avec un double langage entre le discours pour la base et les compromis au plus haut niveau. Et puis il y a le lobbying des firmes d'agro fourniture à Bruxelles qui fonctionne bien, même le nouveau commissaire Ciolos l'a dit publiquement : on ne change pas facilement les habitudes établies et en plus, à 27, ce n'est plus possible de trouver des accords avec une majorité.

Donc la CR a toujours raison d'être et son discours anti-mondialisation est même repris du bout des lèvres par la FNSEA mais on se garde de concrétiser.

En Alsace, nous sommes un petit groupe d'indépendants, libres penseurs, idéalistes et contestataires qui ont le courage et la possibilité de se démarquer du lot et de tous ceux qui n'osent pas ou ne veulent pas sortir du rang.

C'est bien la question : chacun, nous connaissons très bien des agriculteurs révoltés, critiqués, déçus, jeunes ou aînés d'ailleurs, mais qui, par facilité, conscience professionnelle ou surmenage dans les soucis financiers, attendent des autres que les choses évoluent. Regardez la Tunisie, l'Egypte et la Lybie, il fallait un petit ferment dans la pâte pour soulever la foule. Quand il est en route, les choses vont très vite mais les premiers ont souvent un rôle ingrat voir dangereux.

Il serait prétentieux de prétendre avoir raison sur tous les domaines et radicalisme n'est pas forcément la solution mais le compromis trop laxiste et érigé en système que nous voyons tous les jours est humiliant pour l'agriculteur.

Des constats : Les prix des produits agricoles sont les mêmes depuis 25-30 ans. La valeur ajoutée de l'agro-industrie s'est multipliée par 2 dans cette période. Les bénéfices des actionnaires des grands groupes lait, viande, meuniers, distributeurs sont plus que confortables sinon scandaleux. Nos grosses coopératives ne sont plus que des chimères et on nous prône la performance et le regroupement. L'autre soir, au groupe lait, on a cité comme modèle la laiterie Campina Altla qui récolte 90% du lait Danois et Hollandais. Michel Debes, président d'Alsace Lait veut attaquer les marchés d'export CEE avec de jeunes producteurs prêts à saisir l'opportunité de produire du lait avec un prix à la marge pour faire de la trésorerie. Expliquez moi  comment !! Même M. Ramspacher s'en est offusqué.

Bien que la CR67 fasse un travail qui ait du sens, je ne pense pas que cela se traduise de suite par plus de moyens, beaucoup plus d'adhérents, ou plus de représentants à la chambre puisque le maximum semble être entre 4 et 5 avec les règles actuelles qui favorisent le syndicat majoritaire. Mais on assiste à une prise de conscience plus aiguë et critique des évènements également dans notre monde agricole avec internet qui démultiplie les informations et fait sauter les verrous des dessous des affaires.

A nous de préparer des actions, des stratégies qui aient du sens et de l'avenir (la fameuse durabilité) et de la cohérence. Personnellement, j'ai trouvé beaucoup d'intérêt au travers de la SAF (Société des Agriculteurs de France) dont le président est actuellement Laurent Klein qui n'a pas pu venir présenter quelques idées issues de leurs réflexions.

Les agriculteurs nous porterons de l'intérêt si nous leur proposons des solutions qui leur permettent de faire leur travail dans la dignité et équitablement par rapport aux autres professions. Le rôle du syndicat n'est pas de viser à rassembler pour centraliser et diriger une profession mais d'aider chacun à réaliser avec ses compétences et s'épanouir socialement car notre profession mérite plus de reconnaissance pour sa fonction nourricière.

Raymond DURR Président de la CR67

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