Le 9 octobre 2019, près de 70 agriculteurs de montagne avaient manifesté à Colmar pour dénoncer les dégâts de sangliers. La détresse et le sentiment d’impuissance de ceux-ci étaient réellement visibles. Suite à cette mobilisation motivée par des dégâts ayant dépassé un seuil jamais atteint, la Fédération de Chasse du Haut-Rhin avait enfin daigné faire participer l’ensemble des syndicats agricoles du département pour échanger et trouver des solutions.

Nous avions de l’espoir, car M. Kaszuk, président des chasseurs, avec l’ensemble des représentants de la FDC 68, nous avait écoutés, entendus, et avait promis de faire suivre aux présidents des chasses communales tout ce qu’il est possible de faire. En cela, les interventions de monsieur le Préfet en 2019 ouvraient quelques perspectives. C’est même lors de cette réunion que les 4 solutions suivantes ont été évoquées, et approuvées par les participants : tirer les laies, utiliser des répulsifs, voire empoisonner ou stériliser ces bêtes en surnombre... J’en profite pour remercier très sincèrement M. le Préfet Touvet de permettre à nouveau aux chasseurs du Haut-Rhin d’exercer. J’espère qu’ils se saisiront de cette opportunité pour honorer les paroles et engagements tenus de notre première entrevue.

Lors de LA réunion début décembre, chacun des représentants de la Fédération des Chasseurs a repris – en fait mot à mot - les différentes doléances liées à leur sport parues ces 5 dernières années dans les quotidiens régionaux. En guise de justifications, on nous explique qu’au Canada aussi, il y a surpopulation de sangliers, ou que chasser est plus compliqué que de prendre un lapin dans un clapier pour avoir de la viande ! La phrase émane d’une présidente d’une association de chasse, sur le terrain…

En résumé, les chasseurs font un travail difficile, et beaucoup n’ont pas envie, compte tenu des prix actuels des attributions, de renouveler leur passe-temps trop compliqué et trop cher lors des prochaines adjudications.

Au plan financier, je pourrais presque comprendre qu’ils se plaignent : ils ont dû s’acquitter d’un montant d’indemnisation des dégâts de gibier multiplié par 2,5 en 2019 dans le Haut-Rhin… • Presque ; parce que ce montant est le reflet d’une absence d’efficacité dans la régulation du gibier ; • Presque ; parce que comble de l’absurde et de la mauvaise foi, j’ai entendu des chasseurs - lors d’une énième réunion sur une ferme - nous proposer de prendre sur les aides PAC pour compenser les dégâts.

Lors de cette réunion de début décembre, on nous l’avait promis : « Toutes les solutions vont être utilisées et mises en œuvre ».

Alors face aux dégâts que nous constatons en ce début de printemps, nous, agriculteurs, nous nous posons des questions. Où en sommes-nous à ce jour des engagements et autres mesures ?

Que l’on nous montre les résultats. Que l’on nous prouve la mise en œuvre. Il y avait pourtant un hiver complet pour agir !

Que l’on nous explique pourquoi nous avons pu constater, preuves à l’appui, quantité de carottes sous les miradors, ou du pain et des chips sur des places d’agrainage ! Et ce précisément en période d’interdiction d’agrainage. Les responsables se reconnaîtront certainement…

Que l’on nous explique pourquoi nous constatons toujours autant de dégâts dans les vallées vosgiennes et sur les chaumes ! Comment expliquer autant de cas litigieux dans les estimations de ceux-ci ?

Je ne connais aucun agriculteur qui ait chômé ou abandonné son exploitation ces dernières semaines. Au contraire, c’est une période intense de travaux, malgré la crise sanitaire qui impacte la conduite économique, technique et humaine de nos fermes. Et je pense spécifiquement aux exploitations de montagne. A l’heure où tout le monde économique se pose des questions sur notre société, nous ne pouvons accepter qu’une minorité sacrifie l’outil de production vital d’un pan entier de notre agriculture.

Nous renouvelons donc notre appel pour qu’enfin des solutions justes, efficaces et pérennes soient adaptées et mises en œuvre.

Il est vital et urgent que les prairies et les pâturages de montagne soient respectés, tant pour la santé des troupeaux, la diversité écologique, la santé financière des exploitations que pour l’attrait touristique du massif vosgien.

Philippe ILTIS Président de la CR68

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